Hommage à George Benson: le son « bensonien » a fait défaut

2 semaines

La salle de l’Institut Français de Côte d’Ivoire était hier vendredi pleine à craquer. Ovation pour le Jazz.

Preuve que le partenariat entre cet espace et Abijazz, structure dédiée à la promotion du jazz d’Eburnie, crée une harmonie parfaite. Un partenariat fructueux, un écho dans les cœurs des amateurs de jazz, un public fidèle et large pour cet hommage.

Et c’est bien normal, car Benson, figure emblématique du jazz, a fait résonner sa guitare à travers les décennies. Passant du jazz pur et dur, avant son adolescence, aux mélodies plus accessibles lors de ses collaborations avec Quincy Jones. « Give me the night » et « Turn your love around » sont des illustrations.

Sur scène, l’harmonie était totale. Le Fusion Band, mené par Guy Roland Sakia à la basse, accompagné de Franck Koffi, Daniel Kablan et Hiné au saxophone, a assuré une parfaite rythmique, soutenant brillamment Charles Yane, guitariste amateur, dans son interprétation de Benson. Yane a revisité des classiques comme « Breezin‘ », « Affirmation » et même « Take Five », hommage vibrant à Paul Desmond et à Dave Brubeck.

Mais c’est sur « Take Five », un morceau qui s’éloigne un peu de l’univers de Benson, que Yane a capté l’essence originale. Cependant, pour les autres titres de Benson, le défi était plus grand. Trop grand. Le son de sa guitare manquait de l’âme et de la profondeur propres à Benson.

Benson, c’est avant tout une signature sonore inconfondable :

Celle de son Ibanez GB 10 BS SE, ou encore des années 1976 avec une Gibson Johnny Smith. C’est dans ce son que se loge l’essence même du jazz de Benson. Une richesse d’octaves et de nuances et la dextérité qui manquaient au jeu de Charles Yane.

Le jeu de Yane, plus proche de l’univers de Carlos Santana, et sa guitare Paul Reed Smith, avec ses accents de rock et de pop latino, ne correspondait pas à la signature sonore de Benson. L’absence des octaves caractéristiques de Benson, qui ont marqué sa carrière, a rendu l’interprétation plus difficile. Mais heureusement, le « Fusion Band » a su, avec une maîtrise parfaite, pallier ces insuffisances. Et apporter le soutien nécessaire, en couvrant avec brio les zones d’ombre du jeu de Yane.

Charles Yane est un talent brut, mais il lui manque encore cet encadrement et cette structure pour se perfectionner. Cela viendra. Abijazz, dont la mission est justement de faire grandir les talents et d’accompagner les musiciens dans leur évolution, saura apporter cet encadrement. D’ailleurs, l’Assemblée Générale de l’association se tiendra ce dimanche, un moment clé pour continuer à nourrir l’ambition du jazz d’Eburnie. Et des artistes comme Charles Yane qui a confessé juste avant de jouer, avoir découvert récemment seulement Benson grâce à son père. Et deux séances de répétition ne suffisent pas pour une mise à niveau.

La scène continue de vibrer, et Abijazz restera ce phare guidant les jeunes talents vers de nouveaux sommets

ALEX KIPRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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