Interview DE POUVOIRS MAGAZINE avec trois bassistes ivoiriens passionnés de jazz : Kpan Joel, Maestro Stee JayJay, et Armel N’Zi. Kpan Joel est banquier. Amoureux de Marcus Miller à ses débuts a changé et a délaissé les slaps. Maestro est bassiste mais joue aussi du piano et est basé en Italie après avoir été un musicien de Dez Gad. Armel N’Zi est né de parents musiciens et adore le jeu de Nathan East. Pouvoirs magazine a posé à chacun d’un, les mêmes questions.
Pouvons-nous explorer les différences et préférences des trois bassistes à propos de leurs instruments et de leur art ?
POUVOIRS MAGAZINE : Que préférez-vous : la basse à 4, 5 ou 6 cordes ? Pourquoi ?
Maestro Stee JayJay :
Je suis un multi-instrumentiste. Pour la basse, je préfère la 4 cordes car c’est la fondation de mon équilibre musical. Elle me pousse à réfléchir davantage, à m’ancrer dans l’essentiel. C’est un choix pour une structure solide et une sonorité plus directe.
Armel N’Zi :
La basse à 4 cordes, c’est la base de tout, c’est ce que je considère comme fondamental. Cependant, la 5 cordes est très universelle, elle s’adapte parfaitement à tous les styles de musique, en particulier dans le jazz où il y a cette liberté d’explorer davantage les graves.
Kpan Joel :
Pour ma part, je suis un adepte de la 5 cordes. La profondeur de la 5e corde, la plus grosse, m’apporte une richesse de son incroyable. Avec la 5 cordes, je peux m’aventurer dans tous les registres musicaux. Je trouve que les 4 cordes sont mieux adaptées pour le slap et le seben, la musique congolaise, mais je suis à l’aise avec la 5 cordes pour mon jeu.
POUVOIRS MAGAZINE : Si vous deviez décrire votre jeu de basse en trois mots, quels seraient-ils ?
Kpan Joel :
Sensibilité, harmonie, et … je dirais peut-être fluidité, car c’est un aspect de mon jeu que j’aime beaucoup développer.
Armel N’Zi :
Précision, groove, et son. Ce sont les piliers qui caractérisent ma manière de jouer.
Maestro Stee JayJay :
Asymétrique, polyrythmique, et harmonique. J’évite souvent de jouer sur la tonique, la note fondamentale de l’accord, ce qui me permet d’explorer des sonorités différentes et enrichir mes compositions.
POUVOIRS MAGAZINE : Pour vous, la basse est-elle un instrument d’accompagnement ou un véritable instrument soliste ?
Armel N’Zi :
La basse, par nature, est un instrument d’accompagnement. Mais elle a également une dimension soliste forte, surtout dans le jazz où elle peut se libérer et prendre toute son ampleur. Elle joue un rôle fondamental, même en tant que soliste.
Kpan Joel :
Pour moi, la basse reste avant tout un instrument d’accompagnement. Mais elle peut tout à fait se transformer en instrument soliste. Elle n’a rien à envier aux autres instruments solistes quand elle est bien maîtrisée et que l’on prend le temps de l’exprimer à sa manière.
Maestro Stee JayJay :
Je ne me limite pas à une vision stricte de l’instrument. La basse est avant tout un instrument de musique. Pour moi, ce n’est pas une question de rôle d’accompagnement ou de soliste, mais plutôt un moyen d’expression. Je fais ce que je veux, sans me soucier des étiquettes.
POUVOIRS MAGAZINE : Avez-vous un rituel particulier avant de monter sur scène ? Un objet porte-bonheur ou une habitude spéciale ?
Kpan Joel :
Avant de monter sur scène, je prends un moment pour prier et faire des exercices de doigtés. Une chose que je déteste, c’est de réviser les morceaux sur le moment, juste avant de monter. Je préfère avoir tout préparé en amont pour ne pas être stressé.
Armel N’Zi :
Pour moi, il n’y a rien de particulier, si ce n’est une prière pour confier tout à Dieu avant de monter sur scène. Cela m’aide à être calme et centré.
Maestro Stee JayJay :
Je suis déjà canalisé avant chaque performance. Pour moi, monter sur scène, c’est comme une balade. Le plus dur, c’est le travail en salle de répétition, où le stress est plus présent. Une fois que c’est fait, tout ce que je fais avant de monter, c’est me toucher, et ensuite, je joue.
Interview ( à suivre) réalisée par
POUVOIRS MAGAZINE
photos: dr