En Côte d’Ivoire, C’est Paco Séry batteur des Soeurs C0moé à 9 ans ou reine Pélagie choriste à 11 ans de Sony Okosun qui peuvent tenir. Qui peuvent égaler le record de précocité de George Benson. Cet américain guitariste qui réalise son premier album à 9 ans. C’est à lui qu’Abijazz a décidé de rendre hommage pour son premier Ivoir Jazz night de 2025. Ce sera le 31 janvier dans l’antre du partenaire IFCI au Plateau. Pour camper Benson, l’auteur de La chanson « Give Me the Night » un classique du jazz-funk. Une invitation à profiter de la magie de la nuit, un appel à la danse, à la fête et à l’amour, C’est Charles Yane qui a été choisi. Qui est Charles Yane le Benson du 31 janvier prochain?
Peut-être parce qu’il aimait profondément Santana qui passait en boucle, à la maison, le père Yane donne ce prénom à son fils. Charles. Carlos en espagnol. Carlos évoque l’idée d’un homme libre, indépendant et fort. Des qualités qui se retrouvent dans l’histoire et la signification du prénom. Mais aussi dans la figure de Carlos Santana, dont la guitare est un vecteur de liberté musicale. Et d’expression personnelle. C’est par lui que Charles Yane fait son contact premier avec la guitare.
La famille laissait place à l’envoûtement d’un DVD de Supernatural, l’album mythique de Carlos Santana. Ces instants ont façonné l’âme de musicien, car ce n’était pas simplement de la musique que Carlos entendait. Pardon Charles entendait. Non, c’était une expérience sensorielle, un voyage au cœur de chaque note. De chaque vibration. Il ne s’agissait pas d’un simple enregistrement, mais d’une communion avec l’invisible.
La guitare, pour Charles, devint une révélation — une quête passionnée, un rêve d’acier et de bois vibrant.
Charles Yane, né le 17 octobre 1992 à Cocody, incarne cette rencontre subtile entre la passion musicale et l’âme d’un artiste. En quête constante de perfection. Sa jeunesse, gravée dans les rythmes et les sonorités, se construit de mélodies éclectiques et vibrantes. Né dans un foyer où la musique n’était pas une profession mais une véritable dévotion, il a grandi au cœur de Marcory Zone 4. Un lieu où les murs résonnaient au son des vinyles, des cassettes et des DVD. Tous porteurs des vibrations d’un monde lointain, de rythmes latins, de jazz, de pop rock, de soul et de disco. Ses parents, grands amoureux de musique, n’étaient ni musiciens ni artistes. Mais leur amour pour les mélodies a insufflé à Charles un amour pur et instinctif pour la guitare électrique.
Les dimanches, les après-midis étaient souvent consacrés à l’écoute aussi et peut-être même surtout de Exo Éclat. Un groupe dont les sonorités enivrantes se mêlaient aux jeux de guitare.
À 15 ans, lors d’une rencontre déterminante, il obtint sa première guitare acoustique, un symbole tangible de ce désir d’expression. Quelques années plus tard, à 18 ans, après avoir remporté son bac en filière scientifique avec spécialité mathématiques, il reçut de son parrain la première guitare électrique de sa vie. Un cadeau de consécration. Il n’était plus simplement un enfant bercé par la musique, mais un artisan de son propre destin musical.
Pourtant, Charles ne se contenta pas de suivre un chemin tout tracé. Son amour pour l’informatique, le développement d’applications mobiles et la création de sites web l’amena à poursuivre des études en France.
Là, entre codes et algorithmes, il n’oublia jamais l’appel de sa guitare.
Les années passées dans l’Hexagone furent une période de réflexion et d’enrichissement personnel. Mais son cœur, inévitablement, battait au rythme des six cordes. Il revint finalement à Abidjan, décidé à se consacrer entièrement à la musique, à tordre les notes et les harmonies pour en faire sa vérité, sa raison d’être.
À Marcory, il ouvrit une salle de répétition, un sanctuaire sonore où les âmes affamées de musique pouvaient se retrouver. Dans cette zone, cœur battant de la scène musicale ivoirienne (Reck Jane, Kassiry... ) Charles anima des soirées. Sonorisa des événements, joua sur toutes les scènes possibles, dans les restaurants, les lieux privés, les festivals. Il se nourrissait de chaque note, de chaque collaboration, de chaque instant partagé avec d’autres musiciens. La scène devenait son terrain d’exploration, sa manière de se réinventer sans cesse.
Puis, en 2024, un virage décisif. Charles Yane se lança en solo, désireux de plonger dans les racines profondes de son amour musical. Son album à venir serait un patchwork des styles qui l’avaient façonné — une déclaration d’amour aux sonorités de son enfance. De même qu’aux influences multiples qui l’avaient guidé, une ode à la guitare et à la musique dans toute sa diversité.
Mais c’est lors d’un de ses sets live au Miles, un lieu emblématique de Marcory où il joue chaque vendredi soir, que Charles eut une révélation. Ce soir-là, son père lui suggéra d’écouter George Benson, un maître de la guitare dont il connaissait peu la musique.
SON PERE PRESENTE BENSON
Dès qu’il plongea dans les œuvres de Benson, une rencontre inoubliable se produisit. Le jeu unique de George Benson, imprégné de rythmes subtils, d’accélérations maîtrisées, de mélodicités envoûtantes, fit exploser ses propres limites techniques. Il comprit que la guitare était bien plus qu’un instrument. C’était un langage universel, un souffle qui traverse le temps. Le morceau Breezin’, avec son approche technique et mélodique si particulière, devint pour lui une source d’inspiration inépuisable.
C’est avec ce même amour de la guitare que Charles Yane se prépare à rendre hommage à George Benson. Le 31 janvier 2025, à l’Institut Français de Côte d’Ivoire, il proposera une prestation dédiée à ce guitariste hors pair, à ce poète de la six-cordes.
Charles Yane, le guitariste purement passionné, ne cherche pas à imiter, mais à retranscrire l’âme même de Benson. A travers ses propres doigts. A offrir un hommage sincère et vibrant à l’immensité du jeu de son idole. À travers cet hommage, il exprime son admiration pour un guitariste légendaire. Mais aussi son propre parcours, fait de passion, de technique, de dépassement de soi et de créativité sans fin.
Ce soir-là, à l’Institut Français, l’âme de George Benson vibrera à travers la guitare de Charles Yane. Et l’hommage ne sera pas un simple acte de reconnaissance. Il sera une fusion, un échange entre les âmes de deux guitaristes qui se comprennent, un moment suspendu dans le temps. Où chaque note jouée sera un acte d’amour pur pour la musique. Cette muse intemporelle qui a guidé Charles depuis ses premières découvertes musicales jusqu’à cette rencontre avec la lumière de Benson.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE