13 janvier: hommage à Kodjo Ebouclé. Il était une présence

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Kodjo Ebouclé n’était pas qu’un acteur, il était une présence. Un homme d’une stature imposante, un grand élancé au teint noir éclatant. Son expression magnétique était le véhicule d’une vérité pure.

Le 13 janvier 2025, Kodjo Ebouclé aurait célébré ses 79 ans, si la grande faucheuse ne l’avait emporté trop tôt, un certain 27 septembre 1999.

Kodjo Ebouclé n’était pas qu’un acteur, il était une présence. Un homme d’une stature imposante, un grand élancé au teint noir éclatant, un sourire aux lèvres qui ne cessait de rayonner. Toujours impeccablement vêtu, soigné dans sa toilette. Il dégageait une élégance rare, une allure inaltérable qui semblait défier le temps. Il ne faisait pas seulement acte de présence, il envoûtait l’espace autour de lui. Par la chaleur de sa voix, par la vivacité de son regard, mais surtout par la générosité de son talent.

Mais son âme, son talent, et son influence demeurent indélébiles dans l’histoire du cinéma et de la culture ivoirienne. Pour qu’il ne soit jamais oublié, une salle du Palais de la Culture porte son nom. Un hommage vibrant à ce baobab du cinéma, dont les racines profondément ancrées dans l’art et la scène ont nourri plusieurs générations d’artistes et d’amoureux de la culture.

Né le 13 janvier 1946 à Abidjan, Kodjo Ebouclé était un artisan du théâtre, du cinéma et de la télévision. Un bâtisseur de ponts entre les générations, un précurseur d’une scène culturelle ivoirienne qui, encore jeune, cherchait sa voie. Il fut lauréat du prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle dans Ablakon de Roger Gnoan M’Bala. C’était lors de la 9e édition du FESPACO à Ouagadougou en 1985.

Kodjo incarna à l’écran et sur scène des personnages puissants.

Son expression magnétique était le véhicule d’une vérité pure. Sa médaille d’Officier de l’Ordre du mérite culturel, reçue en 1990, n’était que l’écho d’une reconnaissance méritée. Un sceau sur une œuvre qui traverserait les âges.

Son parcours débute à Adjamé, au bord de la lagune Ebrié, où il fait ses premières armes. De ses études primaires à Grand-Lahou et à Dimbokro, il forge une solide base. Avant de se tourner vers l’INA (aujourd’hui INSAAC) en 1968, où il s’imprègne des arcanes du théâtre. Il deviendra professeur, metteur en scène, mais aussi un acteur brillant, un des plus grands talents de sa génération. Il se produit sur de nombreuses scènes ivoiriennes et s’illustre dans des pièces.

Citons Le lion ou la perle de Wole Soyinka, La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire. Et Béatrice du Congo de Bernard Dadié. Mais c’est également à la télévision qu’il marque de son empreinte. Notamment avec Palabres sous le baobab, où ses sketches sont devenus cultes.

Kodjo Ebouclé n’était pas seulement un grand comédien, il était également un cinéaste accompli.

Dans Amaniè (1972) de Roger Gnoan M’Bala, dans Abusuan de Henri Duparc ou encore dans Ablakon (1985), il endosse des rôles mémorables. Des personnages vivants, humains, et parfois tragiques, qu’il porte intensité. Le spectateur en oublie la frontière entre réalité et fiction.

Dans ce dernier film, il incarne un « faux aviateur escroc« , un rôle qui lui va comme un gant et qui lui rapporte deux prix prestigieux. Celui du FESPACO en 1985 et des Journées cinématographiques de Carthage en 1986.

Son talent ne se limitait pas à sa présence à l’écran. Kodjo Ebouclé a été un grand metteur en scène. Dirigeant des pièces comme Une femme à louer de François Campaux et Les Œillères de Kobina Sekyi. Il a également été un régisseur d’exception, participant à des films emblématiques tels que Les guérisseurs et Tanoé des lagunes de Sidiki Bakaba. Sa carrière, riche et variée, l’a même conduit à travailler sur un film de Walt Disney tourné en Côte d’Ivoire. Un fait rarissime pour un artiste ivoirien.

La reconnaissance de son immense talent viendra de l’État. La Côte d’Ivoire lui décernera la médaille d’Officier de l’Ordre du mérite culturel en 1990. Et en 2002, pour lui rendre hommage après sa disparition prématurée, les organisateurs de Clap Ivoire baptiseront le Grand Prix du concours de vidéogrammes de son nom. Ainsi, son héritage continue de rayonner à travers ces multiples hommages.

HARON LESLIE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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