La Côte d’Ivoire est en train de connaître son autre projet d’éducation de la seconde chance qui consiste à placer très tôt des enfants au cœur d’une activité professionnelle.
On a connu les Woya de Divo guidés par François Konian. On a connu aussi dans le domaine footballistique l’académie Mimosifcom de Jean-Marc Guillou. Il y a eu le Village Kiyi de Wêrê-Wêrê Liking.
Et voilà maintenant dans la ville de Tiken Jah de Faloly mais avant lui, celle de Mamadou Doumbia un projet audacieux.
A Odiénné, Adama Kamara, le ministre de l’emploi et de la protection sociale, finance personnellement un orchestre philarmonique. 139 enfants (un peu plus qu’au Village Kiyi) dont l’âge est compris entre 5 et 17 ans sont regroupés apprennent la musique dans d’excellents conditions.
Ils sont transportés en car. Ils pratiquent des instruments africains bien de chez eux. Le balafon, le djembé qu’ils mêlent à des instruments européens. Ils travaillent pendant 3 heures et leurs professeurs sont de haut niveau. Une dizaine de formateurs au total eux-mêmes bien formés.
Le chef d’orchestre est le flutiste Fabrice Koffi, ex professeur de l’Insaac, réputé pour son sérieux. Le résultat est bon car les enfants ont réussi des prestations d’envergure. L’une en août 2023, près d’un an après avoir commencé la musique, devant le président ivoirien, Alassane Ouattara. C’était pour célébrer le 63e anniversaire de l’indépendance du pays. L’autre lors de la Can en janvier 2024 au stade d’Ebimpé.
Une chose est sûre, ça n’était pas donné. Il a fallu comme à l’Académie, pour le Koteba, avec le Village Kiyi ou avec Woya convaincre des parents sceptiques. L’un des avantages de ce projet est de s’approprier les normes du savoir musical, de fabriquer et cultiver la confiance chez les jeunes ivoiriens. En eux-mêmes désormais, ils auront foi et l’audace sera un réflexe.
HARON LESLIE
PHOT/ DR
POUVOIRS MAGAZINE
