Me André Ossohou nous a accordé un entretien à l’occasion de la présentation officielle de son livre, paru aux éditions Les Amis du Livre et disponible en librairies. L’avocat ivoirien inscrit au barreau de New York est percutant
Est-ce que l’intégration professionnelle a été facile ou difficile pour vous en tant qu’Africain ?
L’immigration aux États-Unis présente plusieurs défis. D’abord, il y a la réalisation de soi-même. Pour vivre légalement et travailler dans le pays, c’est le premier challenge. Ensuite, les diplômes obtenus à l’étranger doivent être reconnus, et il y a aussi les diplômes américains qu’il faut obtenir pour être au même niveau que les Américains. Puis, il y a la question de la famille à laquelle il faut s’occuper. Dans mon cas, il fallait aussi obtenir une licence pour exercer comme avocat, ce qui passait par l’examen du barreau. J’ai franchi toutes ces étapes, mais comme j’ai fait mes études ici, je n’ai pas vraiment senti que c’était difficile. Cependant, il faut reconnaître que c’est tout de même compliqué, car il y a plusieurs défis à relever.
Comment gardez-vous le lien avec le pays, les parents, et votre culture Abbey ?
Je parle très bien l’Abbey ! C’est la base !
Bien qu’on n’allait pas très souvent au village, on parle toujours très bien notre langue, qui est une part essentielle de notre identité. La culture Abbey reste toujours présente, car nos parents nous l’ont inculquée dès le début. Donc, on n’est pas vraiment déconnectés. Nous avons toujours des souvenirs d’Agboville et du village de Rubino.
La question de l’immigration, dont on parlait tout à l’heure, est au centre de l’actualité aux États-Unis avec l’élection du président Trump. Qu’en pensez-vous ?
Je pense qu’il faut être logique avec soi-même. La démocratie est la politique que le pays a choisie à un moment donné. Peu importe ce que l’on ressent, si la majorité décide qu’un certain candidat doit être élu, il faut l’accepter. On ne peut que s’aligner et attendre de voir ce qu’il fera en action pour juger plus tard. Je n’ai pas un regard particulier sur ce sujet. C’est la majorité qui l’emporte ici, et il faut savoir respecter la loi de la majorité.
Aujourd’hui, qu’il est élu président, on se demande ce qu’il va advenir des procédures pénales pour lesquelles il a été condamné, ainsi que des autres procédures en cours. Je pose la question au juriste du barreau de New York.
Au niveau fédéral, ces procédures seront probablement annulées, car il nommera un procureur général, l’équivalent d’un ministre de la Justice, qui fera abandonner les poursuites, et ce sera terminé.
Mais pour l’État de New York, c’est un peu différent, car il n’a pas l’autorité là-dessus.
Les procédures seront donc suspendues jusqu’à la fin de son mandat.
Vous vivez dans le même État que l’homme d’affaires Donald Trump. Quelle est la vision des New-Yorkais sur ce personnage ? A-t-il déjà gagné dans cet État ?
Non, New York est un État démocrate par tradition. Cependant, il a progressé dans son score, car l’écart entre lui et la candidate démocrate était très faible cette fois.
Pour vous, qu’est-ce qui a milité en faveur de sa réélection ?
Les questions économiques ont été décisives ! La vie est devenue de plus en plus chère aux États-Unis, au point que même des gens qui travaillent ne peuvent plus acheter de maison et doivent retourner vivre chez leurs parents. Comme il propose de remédier aux problèmes économiques du pays, la majorité des Américains lui a accordé sa confiance sur cette base.
Interview réalisée par
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE