En fin de compte, l’Amérique n’est pas plus divisée que d’autres démocraties : elle est aujourd’hui majoritairement trumpiste.
Le Parti républicain, après ce « réalignement », se présente désormais comme le champion des classes populaires, de la classe moyenne, des minorités (surtout masculines), des immigrants légaux, et même des milliardaires. Il incarne ainsi un large éventail de la société américaine, un véritable creuset de la nation. Fort de cette large coalition, Trump aborde son second mandat avec un pouvoir considérable : il contrôle l’exécutif à la Maison-Blanche, le législatif au Congrès, avec une majorité au Sénat et quasiment acquise à la Chambre des représentants. À cela s’ajoute la Cour suprême, désormais profondément conservatrice.
Grâce à ses trois nominations.
Ce pouvoir renforcé est accompagné d’une préparation minutieuse.
Contrairement à 2016, Trump dispose d’un réseau solide de fidèles et d’une stratégie affinée pour affronter les résistances internes, notamment celles de ce qu’il appelle l’« État profond ». Face à cette concentration de pouvoir, la question se pose : que fera le 47e président des États-Unis de cette quasi omnipotence ?
La marque de fabrique du populisme que revendique Trump est de tenir ses promesses, même lorsque celles-ci semblent irréalisables ou frôlent les limites de la légalité. Dès son entrée dans le Bureau ovale le 20 janvier, il signera des décrets visant à durcir les politiques sur l’immigration, à lutter contre les théories du genre et à alléger les contraintes environnementales. Les fonctionnaires fédéraux pourraient se préparer à des purges, et les sans-papiers à des expulsions massives.
À l’international, les Européens, les Ukrainiens et les Taïwanais pourraient redouter la « pensée magique » trumpiste.
Laquelle prétend résoudre des problèmes complexes par de simples « accords » entre dirigeants autoritaires.
Cette approche simpliste pourrait entraîner des décisions radicales, imprévisibles et potentiellement dangereuses.
Face à cela, les démocrates, même tentés par une résistance politique et judiciaire, devront rester prudents. Ils ne peuvent pas ignorer la volonté de la majorité des Américains. Trump a réussi à convaincre une large partie de la population avec sa politique et ses solutions directes. C’est l’essence même du populisme en action : libéré de toute entrave, il pourrait inaugurer une période de radicalité bien plus marquée que tout ce que l’on a pu observer en Hongrie, au Brésil ou en Inde. Les États-Unis s’engagent dans une nouvelle ère, une ère où l’autoritarisme populiste pourrait redéfinir les contours de la démocratie américaine
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE