Portrait. Mariam Jacqueline Dao Gabala, OSER

1 mois

Avant la normalisation du foot déjà ivoirien, elle passait rarement dans un aéroport, à un carrefour, sans être gratifiée.

Couverte de gestes d’admirations, de déférence, parfois sollicitée pour un autographe. Sa prise en main de la chose footballistique dans son pays a accru sa notoriété. Ses forces sont, avant tout, la sérénité et la foi, dans un milieu où on sort les griffes tout le temps. Pour de l’argent ou l’appétit financier.

Elle a pu éviter tout cela du 4 janvier 2021 à la fin de son mandat. Les élections sans heurt et leurs réussites, c’est donc elle.

Puis il y a eu la Can, sans la moindre reconnaissance. Peu importe, Dao Gabala a supporté les Eléphants parce qu’elle était passée à autre chose. Comme toujours le font les êtres de mission. Qu’on vient toujours chercher. Surtout qu’elle avait remis les clés le 4 mai 2022 et dès le vendredi 1er juillet, la sénatrice avait été élue en Afrique du sud.

Elué au poste de Présidente de la commission permanente de l’égalité des sexes du Parlement Panafricain (Union africaine). Elle y est chargée de l’examen des questions relatives à la promotion de l’égalité des sexes. Et assiste le Parlement dans la supervision de l’élaboration des politiques et activités de l’Union africaine relative à la famille.

Dans ce monde qui va mal, où l’on vole, viole la morale, ment, insulte à satiété, falsifie les chiffres. Ce monde où l’on traite mal les lettres, formule par choix ou par incompétence. Ou par intérêt personnel assez mal les phrases, cette dame fait le pari de l’optimisme. Quand elle intervient, sa voix calme, sereine, posée, ne fléchit pas. Elle non plus. Elle prend toujours la défense des vertus, des mœurs.

Leader depuis le berceau

Sa tendance à aider les autres à s’en sortir prend racine dans ses premiers moments de vie. Très tôt, sur ses frêles épaules se pose le lourd sens des responsabilités. Elle est ainée d’une fratrie de 22 enfants. Sa mère, Djeneba Coulibaly est Sénoufo, Son père Gustave Gabala, est Ebrié et Tagbana de par sa mère.

Il fut Directeur des affaires économiques à Air Afrique, une compagnie aérienne africaine et puissante. Et aussi Directeur Général de la Caisse de Péréquation de la Côte d’Ivoire.  Depuis sa tendre enfance donc, Mariam a toujours été entre deux avions. Gustave Gabala a été aussi  Président de la Fédération ivoirienne de boxe (FIB). Mariam a donc vraiment de qui tenir. Elle vit une enfance sage et très rangée. On ne se maintient en effet à la tête d’une famille, d’un groupe qu’en étant modèle.

Elle est pétrie dans des établissements religieux, au Collège Notre Dame de la paix à Abadjin-Kouté. Puis au prestigieux Lycée Ste Marie de Cocody, réceptacle des adolescentes sérieuses. Trouve ses joies dans la lecture, le savoir, les passages bibliques. On lui fait découvrir la spiritualité, la fidélité à Dieu, à la parole donnée, aux élus de notre cœur. L’Evangile la comble et elle se rêve sœur. Elle opte pour la vie religieuse.

Sa rencontre avec DAO Mamadou à l’Esca après son Bac, change tout. De leurs unions naitront 5 garçons.  A sa sortie de l’Esca, elle renforce ses capacités à Hec Paris puis Hec Montréal. Elle est présentement la Présidente en exercice des Alumnis de MDE Business School. C’est dire qu’elle n’a jamais arrêté de se développer.

Le marché de l’emploi la réclame

Sur la pauvreté, elle pose un jugement christique de piété. Loin d’être un délit, une fatalité ou une tare, on peut la transformer. Mariam est sensible à la richesse des dits pauvres (elle les dit humbles). Elle croit en leurs richesses qui sont leur intelligence et leur force de travail et leurs projets productifs. C’est décidé, elle ira dans la boue, sur le terrain,  les sortir de cette pseudo-fatalité, et illuminer leurs vies.  Dès lors, elle devient une femme de terrain et de réflexion engagée dans le développement du secteur financier en général. Et pour l’inclusion financière des démunis, des populations rurales. Et des femmes desquelles elle veut extirper exhiber et traduire en réalité le potentiel économique, social et politique qui sommeille en elle.

Oikocrédit (une organisation de développement de la finance) dont elle est Directrice Régionale pour l’Afrique de l’ouest devient un outil. Durant 21 ans, la Dg est premier financier des micros finances, des minis projets. 450 femmes rurales et des Pme sont soutenues, au point que près de 600 milliards sont débloqués pour elles. Pour  le mieux-être des activités de cette frange de la population. On lui doit par exemple l’érection du marché Cocovico à Angré à Abidjan. Et bien d’autres activités en Afrique francophone de l’ouest et centrale. On la retient aussi durant 23 ans pour les Conseils d’administration de la banque panafricaine ECOBANK. C’est  au Bénin et au Ghana où elle a présidé justement le Comité d’audit.

Chez elle en Côte d’Ivoire, on a aussi recours à elle pour la supervision et le redressement de l’Uncoopec-Ci. La plus grande institution de microfinance du pays.

COCOVICO

De tous ces moments, date le port des chaussures sans talons, des baskets pour courir les rues et les routes rocailleuses. De cette période date aussi le choix des vêtements qui vantent, chantent le génie des créateurs africains. Mariam est distinctive parmi mille, à sa charte vestimentaire. Baskets, Pagne, Foulard de coton pour envelopper ses cheveux crépus (Nappy- natural & happy), on eût dit Alpharita Constantia Anderson, connue sous le nom de Rita Marley enveloppant ses dreadlocks. Ce refus de cuire les cheveux est un symbole. Celui de s’accepter, de militer en faveur des siens.

Yahimi, Michèle Yakice, Pathé’O et bien d’autres, Mariam Dao Gabala promène sa silhouette et les griffes des créateurs africains. Partout dans le monde dans les colloques, forums et réunions. Imposant partout son look si singulier. Des ghettos les plus misérables aux tribunes les plus officielles, elle fait entendre sa voix. Elle invite à s’adapter à sa vision, après s’être imprégné du milieu venu solliciter ses services. Outre, le look vestimentaire, Mariam a un look vocal, une couleur de voix typée.

Elle ne parle jamais à la cadence d’une mitraillette, mais plutôt d’une musique douce, d’une berceuse ce qui rend son discours facile à assimiler et retenir. Mariam a la voix suave de son homonyme Makeba, la vision compassionnelle de mère Theresa et la détermination de Madeleine Tchicaya, femme politique libre.

On vient toujours la chercher

Le 3 avril 2019, sur la liste de 33 membres nommés du Sénat figure le nom de Mariam Jacqueline DAO-Gabala qui a fait l’unanimité.

Femme sénatrice.

Mariam DAO-Gabala veut que la femme ose et intervienne en politique et dans l’entreprenariat.

Aussi, le 11 mai 2024, pendant que les Rastas s’enivraient des textes optimistes de Bob Marley et d’autres choses assurément, Dao Gabala dans le somptueux Sofitel Hôtel Ivoire réussissait son pari. Celui de tenir sa journée de conférence. Des femmes politiques dont l’honorable Yasmina Ouegnin et la vénérable  Marie Irène Richmonde ont fait leur partage d’expérience.

Des femmes entrepreneures ont invité les plus jeunes à oser oser dans le monde des affaires.

Ces deux mondes ne doivent plus être la chasse gardée des hommes, selon Dao Gabala qui a égrené les 4 défis de la femme.

ALEX KIPRE

Photo : MAN B.

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