Nous sommes à Bouaké en 1979. Le 25 Aminata Traoré vient au monde.
Quelques années plus tard, elle part en vacances chez sa grand-mère paternelle. Cette dernière a décidé de la faire exciser sans avoir consulté ni la mère, ni le père d’Aminata. Car elle savait que son fils, le père d’Ami s’y serait opposé. En Afrique et en Côte d’Ivoire aussi, la famille élargie joue un grand rôle. Et les mamans n’ont pas le droit de s’opposer à leurs belles-mères.
Onze autres filles sont passées entre les mains de l’exciseuse. Pendant toute la durée du funeste rituel qui a duré plusieurs semaines, les filles étaient comme des princesses. Et aucune ne savait ce qui l’attendait.
Personne ne devait révéler le secret. Les femmes de la famille avaient bien nourri.
Puis un jour, à 4 heures du matin, une vieille dame est venue les réveiller. C’était l’exciseuse. Aminata qui n’a pas eu le droit de pleurer s’est souvenue pendant longtemps de la douleur.
On lui avait mis une grosse noix de cola dans la bouche pour l’empêcher de crier
Pour ne pas que ce crime arrive à quelqu’un d’autre, Aminata Traoré est devenue Hamitraoré. Elle a écrit Le Couteau brûlant en 2012. Et depuis la native de Bouaké est devenue une figure de la lutte contre l’excision et de la défense des droits des femmes.
Elle a écrit plusieurs autres livres. Dans Cachée derrière le mur, l’auteure mêle les destins de personnages féminins issus de toutes les couches de la société. Prostitution des étudiantes désargentées, viols, violences conjugales, mariages forcés et précoces.
L’écrivaine qui ne ménage pas les efforts pour trouver les ressources favorables à son combat, a créé sa fondation GNITRESOR. Le livre est devenu un moyen de sensibilisation contre les violences basées sur le genre et aussi sur l’autonomisation des femmes
MARIE GNIALET
Photo: A.B.
POUVOIRS MAGAZINE
