Le romancier Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt 2025 avec La Maison vide, fresque familiale magistrale et poignante sur les blessures du passé et les silences transmis entre générations.
Le verdict est tombé à 11 heures précises (heure d’Abidjan), dans le célèbre restaurant Drouant. Le temple parisien du prix Goncourt depuis plus d’un siècle.
Laurent Mauvignier, né à Tours en 1967, a été élu dès le premier tour pour La Maison vide (Éditions de Minuit). Roman-monument de sept cent cinquante-deux pages.
Le jury a salué un « texte fondamental ». L’auteur y revisite l’histoire de sa famille que la honte, le silence et la transmission ont marqué.
Sous sa plume, les non-dits deviennent des personnages vivants, les souvenirs blessés se font chair. Les voix du passé murmurent dans les interstices du présent.
Le romancier confie que ce livre est né d’une image obsédante. Celle d’un enfant de sept ans regardant sa mère tondue à la Libération.
À travers cet instant suspendu, Mauvignier fouille la mémoire familiale et collective. Cela dans une quête de vérité autant intime qu’historique.
Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, il a grandi dans un milieu modeste où le silence pesait plus fort que les mots.
Il transforme aujourd’hui cette mémoire douloureuse en matière romanesque. Refusant l’oubli et redonnant voix aux figures effacées.
Son écriture, dense et rythmée, s’attarde sur les détails minuscules qui révèlent l’universel caché dans l’ordinaire.
Laurent Mauvignier se décrit comme un « maître des silences ». Il cherche ces zones où les mots échouent mais où l’émotion subsiste.
Son œuvre, de Des hommes à Ce que j’appelle oubli, explore les fêlures sociales. De même que les drames intimes et la mémoire collective.
Avec La Maison vide, il atteint une ampleur proustienne, mêlant la rigueur du peintre à la sensibilité du poète, dans une langue exigeante et généreuse.
Face à lui, Emmanuel Carrère, en lice avec Le Kolkhoze, n’a recueilli aucune voix au premier tour du scrutin.
Le jury a choisi sans hésiter l’œuvre la plus viscérale, la plus habitée, celle où l’imaginaire sublime la douleur en vérité universelle.
Ce Goncourt 2025 consacre un écrivain discret mais essentiel, un artisan de l’humain qui fait de chaque silence un cri retenu.
Pour Laurent Mauvignier, toute vie est un roman ; pour ses lecteurs, La Maison vide devient un miroir du souvenir et de la rédemption.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
