Le documentariste Axel Illary se fait romancier politique

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Avec Les Brèches du silence, Axel Illary réinvente le roman africain comme un manifeste vibrant. Entre mémoire, insurrection intellectuelle et panafricanisme, il fait de la parole retrouvée un instrument de libération collective.

Dans la ville imaginée par Axel Illary, les murs respirent, les tambours parlent et la mémoire devient acte de résistance.
Rien n’y est figé : les ruelles murmurent les savoirs d’ancêtres oubliés, les universités clandestines reprennent le souffle des oracles anciens.
Au centre du tumulte, un professeur obstiné refuse la défaite de l’esprit africain face aux doctrines venues d’ailleurs.
Wazi Koudou, figure centrale du roman, mène la reconquête du souvenir comme on mènerait une guerre pour l’âme collective.


Autour de lui, deux étudiantes, gardiennes de la flamme, défient les institutions religieuses et scolaires figées dans leurs certitudes coloniales.
Dans leurs cercles secrets, la parole devient arme, la pensée s’enracine, la mémoire retrouve le ton des résistances ancestrales.
Les Brèches du silence n’est pas un roman, mais une insurrection : celle de la conscience contre l’amnésie organisée.


Chaque page réveille une danse, un mot, une prière, et recompose un monde que la modernité avait voulu effacer.


Axel Illary ne décrit pas seulement la mémoire ; il la convoque, la ressuscite et la fait battre au rythme du continent.
Son écriture, à la fois poétique et politique, creuse la question du savoir comme condition première de la souveraineté africaine.
La mémoire devient énergie vitale, une matière première pour reconstruire les écoles, les champs, les cités et les esprits libres.
Ici, le passé n’est pas poussière : il est levier, socle et matrice d’un futur affranchi des chaînes mentales importées.


Le roman esquisse une Afrique debout, s’appuyant sur ses langues, ses mythes et ses arts pour repenser son développement.
Illary interpelle les intellectuels du continent : qui écrira l’avenir si personne n’assume de raconter le passé africain ?
Les Brèches du silence devient ainsi un manifeste littéraire, un appel vibrant à la reconquête culturelle et à la dignité retrouvée.

HARON LESLIE

photo:dr

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