À quatre jours du scrutin présidentiel, Paul Biya, 92 ans, a fait une rare apparition à Maroua, fief politique sécurisé.
Le chef d’État camerounais, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat malgré les rumeurs persistantes sur sa santé.
Jusqu’à mardi, nul ne savait si Paul Biya apparaîtrait publiquement avant la présidentielle prévue pour le dimanche 12 octobre.
Sa discrétion prolongée depuis près d’un an alimentait les spéculations sur son état de santé et même sur sa survie.
Ce matin-là, des policiers et militaires s’alignaient tous les cinquante mètres entre Yaoundé et l’aéroport international de Nsimalen.
Les Camerounais, habitués à ce rituel, comprenaient immédiatement : le président allait se déplacer dans le plus grand secret.
Depuis plus de quarante ans, ce scénario se répète à chaque mouvement du chef de l’État, désormais âgé de 92 ans.
Candidat à un huitième mandat, Paul Biya s’est finalement rendu à Maroua, dans l’Extrême-Nord, pour un meeting électoral.
Cette région lui est largement acquise, politiquement fidèle, et souvent mobilisée pour afficher un soutien massif au régime.
Pendant des mois, des rumeurs annonçaient son affaiblissement, alimentées par le silence radio de la présidence et du gouvernement.
Un ministre avait même lancé un appel public à la prière, accentuant la confusion sur l’état réel du président camerounais.
La rumeur d’une disparition s’est installée dans les discussions, tant la communication officielle restait floue et distante.
Finalement, Paul Biya a coupé court aux spéculations en se montrant en personne, entouré de sa garde rapprochée habituelle.
Son apparition visait surtout à prouver qu’il reste aux commandes, malgré l’évidence du temps qui passe et qui pèse.
Ce type de mobilisation présidentielle est devenu un rituel, presque une liturgie politique, dans un pays habitué à l’immuable.
Depuis 1982, le président Biya gouverne sans partage, malgré une opposition fragmentée et des élections contestées.
L’apparition du chef d’État à Maroua semble plus symbolique que stratégique : le scrutin ne réserve guère de surprise politique.
À quatre jours du vote, tout semble figé : un pays à l’économie fragile, une jeunesse en attente, un pouvoir sans renouvellement.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
