Etats africains: 53 400 000 000 000 F cfa à rembourser en 2025

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Afrique endettée : quand les chaînes de la dette deviennent les armes de l’influence mondiale

La dette publique a servi historiquement à soumettre des nations, sous prétexte de soutien financier ou d’urgences budgétaires simulées.
Depuis le XIXe siècle, des pays comme la Tunisie ou l’Égypte ont été asservis via des dettes contractées auprès d’empires.
La Grèce moderne est née enchaînée à une dette contractée envers la France, la Russie et le Royaume-Uni impérial.
Aujourd’hui, cette logique se poursuit : la Chine devient le créancier dominant des pays africains à infrastructures stratégiques fragiles.
Ses financements, liés aux ressources, permettent d’imposer des conditions politiques, techniques et juridiques souvent asymétriques aux États africains.
C’est ce que dénoncent certains experts qui considèrent la dette comme un levier impérialiste de domination sans armée.
John Adams disait déjà que l’endettement pouvait soumettre un peuple, sans même tirer une seule balle.
En 2025, la dette extérieure africaine devrait dépasser 1 300 milliards de dollars, selon le FMI et la Banque mondiale.


La trajectoire de croissance ralentit, mais reste inquiétante pour des économies aux structures fragiles et recettes volatiles.
Selon Afreximbank, trois pays totalisent plus d’un tiers de la dette : Afrique du Sud, Égypte et Nigeria.
Suivent le Maroc, le Mozambique, le Soudan et le Kenya, exposés à des créanciers bilatéraux et privés risqués.
Plus de 30 % de la dette est détenue par des pays aux économies petites, donc moins résilientes en cas de choc.
Cette concentration géographique accroît les risques systémiques, notamment au sein de la CEDEAO, CEMAC et dans le marché de la ZLECAf.


De nombreuses dettes africaines sont cachées. Emprunts non déclarés, taux d’intérêt opaques, devises étrangères, remboursements indexés.

Le Ghana, la Zambie et l’Éthiopie ont fortement emprunté pour leurs infrastructures, notamment auprès de la Chine.
Mais le remboursement se complique avec l’augmentation des taux mondiaux et la chute des monnaies locales africaines.
La Zambie a déjà fait défaut pendant la pandémie ; d’autres pays pourraient suivre cette trajectoire d’insolvabilité.
Plus de 60 % des pays africains à faible revenu sont en surendettement ou à risque élevé de surendettement grave.
Ce paradoxe est dû au fait que leur dette est souvent en dollars, alors que leurs monnaies locales se déprécient.
Les créanciers de l’Afrique sont principalement privés (43 %), multilatéraux (34 %) et bilatéraux (23 %), selon les données récentes.
La Chine est aujourd’hui le premier prêteur bilatéral de l’Afrique, devant les puissances occidentales et les banques multilatérales.


En 2025, la Chine attend 35 milliards de dollars en remboursement, dont 22 milliards de pays à très faibles revenus.


Au total, elle a octroyé plus de 182 milliards à travers 1 306 lignes de crédit traçables sur le continent africain.
Ces prêts sont souvent liés à des projets dans les transports, l’énergie, les télécommunications et les secteurs financiers africains.
L’Angola reste le pays le plus endetté envers la Chine, avec des garanties en nature basées sur le pétrole brut.
Cette relation Chine-Afrique est déséquilibrée : elle échange des ressources naturelles contre une dépendance financière accrue.
Derrière chaque pont ou autoroute construits, se cache souvent une hypothèque sur les ressources des générations futures.
En résumé, 20 pays africains à faible revenu sont déjà en surendettement ou très proches d’y basculer définitivement.
Les États africains rembourseront près de 89 milliards de dollars de dette extérieure rien qu’en 2025, un record historique.
C’est autant que le PIB de la Côte d’Ivoire, pourtant première puissance économique de l’espace UEMOA.
En 2023, la dette extérieure africaine équivalait à 24,5 % du PIB combiné du continent, en hausse continue.
Elle augmente rapidement dans les zones vulnérables où les recettes fiscales et douanières peinent à suivre les engagements contractés.
Il devient urgent de revoir le modèle de développement basé sur l’endettement sans garanties de souveraineté réelle.

CAMUS BOMISSO

photo:dr

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