Dans une atmosphère lourde et tendue, un ex-haut responsable de l’appareil d’État a récemment été placé en détention.
Joël N’Guessan, ex-ministre chargé des droits humains, est actuellement retenu dans les locaux de la sécurité centrale d’Abidjan.
Les autorités lui reprochent des déclarations jugées incendiaires et menaçantes contre l’intégrité et l’impartialité des institutions judiciaires.
L’ancien porte-voix du Rhdp a, dans une publication virale, attaqué ouvertement les magistrats de la République ivoirienne.
Il a tenu ces propos dans une tribune médiatique publiée le mardi 17 juin, aux allures d’ultimatum politique voilé.
Dans ce texte, il laisse entendre que les décisions d’exclusion électorale pourraient ouvrir la voie à des troubles majeurs.
Sans mâcher ses mots, il affirme que certains juges sont les véritables architectes d’une instabilité aux conséquences prévisibles.
« Ce ne sont pas les politiques qui créent les tensions, mais certains magistrats bien identifiés », a-t-il laissé entendre explicitement.
Il évoque notamment le cas emblématique du refus de délivrance de nationalité à un candidat, Tidjane Thiam.
Joël N’Guessan refuse d’endosser cette décision, qu’il impute sans réserve à certains acteurs de la justice nationale.
La réaction des autorités n’a pas tardé : on l’a convoqué dès le lendemain à la préfecture de police d’Abidjan.
Sur place, après audition, on l’a retenu pour nécessité d’enquête, dans le cadre d’une procédure pour outrage.
Des sources proches du dossier indiquent qu’il devra répondre aussi d’autres griefs liés à ses prises de position publiques.
L’homme politique, coutumier des sorties musclées, se retrouve cette fois dans une position bien plus inconfortable que par le passé.
On le présentera au parquet du Plateau ce jeudi 19 juin 2025 pour une série d’interrogations par le ministère public.
Cette affaire ravive le débat sur les limites de la liberté d’expression en période de haute tension pré-électorale en Côte d’Ivoire.
Pour certains analystes, cet épisode traduit une crispation inquiétante entre les élites politiques et l’appareil judiciaire national.
D’autres y voient un signal d’alarme lancé aux acteurs politiques tentés par la provocation ou la surenchère verbale.
La suite judiciaire dira si cette arrestation relève d’un simple rappel à l’ordre ou d’une mise au pas politique délibérée.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE