La situation actuelle au sein du PDCI n’est pas une lutte d’idées comme cela devrait l’être en général dans les sphères politiques.
En revanche en Côte d’Ivoire, au PDCI et Avec Jean-Louis Billon, nous assistons, à un des cas les plus emblématiques d’une guerre fratricide.

En effet, la première fortune ivoirienne se livre non pas à la défense de son parti mais plutôt à une guerre d’usure contre un homme, Tidjane Thiam, avec qui il aurait pu ou dû former un irrésistible duo d’une équipe PDCI de rêve. Au lieu de cela, il a plutôt pris le maquis dès l’élection de Thiam à la présidence du PDCI-RDA. Avec une stratégie bien élaborée il a lâché Valérie et consorts et procéder à un harcèlement sans relâche pilonnant sans relâche à coups de poursuites judiciaires aussi bien Thiam que le PDCI.
Ce qui se joue n’est pas une simple divergence, mais une tentative organisée de faire exploser le PDCI. A défaut, empêcher Tidjane Thiam d’en garder le contrôle, ou alors pour l’en faire partir prématurément.
S’il avait été mis sous tutelle, le PDCI aurait pu éviter la situation actuelle.
Or, il semble plutôt placé sous “tuette”, terme métaphorique pour désigner un étouffement organisé, mené de l’intérieur, avec pour cible un homme : Thiam. L’attaque est méthodique. Elle passe également par un harcèlement politique constant, souvent relayé par Valérie Yapo, qui transforme chaque solution trouvée par Thiam en nouveau problème. Une tactique classique de guérilla politique, usée jusqu’à la corde.
Cette stratégie évoque tristement l’affaire Mathias Pogba, où une querelle familiale a fini par tout détruire. Ici aussi, l’ambition personnelle de Billon semble prendre le pas sur l’intérêt collectif.
Dans les deux cas, la blessure d’ego a pris le dessus sur la raison. Ni Mathias ni Billon n’ont proposé de voie constructive ; ils ont préféré détruire ce qu’ils ne pouvaient dominer. Et dans cette logique, ils ont perdu plus qu’ils n’ont gagné.
Dans une guerre de proximité — familiale ou politique — l’attaque personnelle est souvent le signe d’un échec intérieur : celui de ne pas avoir su grandir sans écraser l’autre.
Billon tout aussi bourgeois que Thiam ne supporte pas l’émergence de ce dernier, dont la légitimité et la méthode dérangent. Son opposition devient systématique. Même Guikahué, longtemps influent, prend ses distances. Billon se retrouve isolé dans sa posture radicalisée, prêt à figurer sans pouvoir agir.
Son alliance implicite avec Ouattara, que certains qualifient d’objectif, interroge.
La Côte d’Ivoire traverse depuis 1990 une instabilité chronique.
Or, les exigences de l’opposition sont claires : réforme de la CEI, audit du fichier électoral, libération des prisonniers politiques, justice impartiale, sécurité, libertés publiques, et dialogue inclusif. Mais aucun de ces combats ne semble réellement porté par Billon, dont la bataille semble désormais plus personnelle qu’idéologique.
La conséquence ? Si Thiam réussit malgré tout, il héritera d’un PDCI déstructuré, vidé de sa force collective — à l’image d’un FPI post-Gbagbo, fracturé, inefficace. Billon n’aura rien, ni parti ni avenir politique. Ce qu’il pratique aujourd’hui, c’est une forme de terrorisme politique, un sabotage interne. Le “kkbéisme” guette : un parti réduit à des simulacres d’opposition, des querelles intestines, et des figures sans véritable pouvoir.
Billon voulait succéder à Bédié. L’arrivée de Thiam l’a contrarié. Mais plutôt que de construire, il déconstruit. Sa méthode dessert son ambition et menace de ruiner ce qu’il espérait diriger.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE