Ce 13 juin 2025, Georges François Ouégnin atteint l’âge respectable de 91 ans. À l’heure où la nation célèbre une vie consacrée à l’État, Pouvoirs Magazine rend hommage à l’un des hommes les plus discrets.
Mais les plus influents de l’histoire politique ivoirienne moderne.
Né le 13 juin 1934, haut fonctionnaire, ambassadeur, homme de réseaux et de missions confidentielles, Georges Ouégnin fut pendant près de quarante années consécutives (1962-2001) le directeur du protocole de la présidence ivoirienne. Occupant cette fonction sous quatre chefs d’État successifs. Recruté par le président Félix Houphouët-Boigny à l’âge de 26 ans, il a su gagner et conserver une confiance presque absolue. Au point de devenir l’un des artisans invisibles de la diplomatie ivoirienne.
Issu d’une famille prestigieuse; Il est le fils de François Adon Maurice Ouégnin, huissier, député et notable respecté de Grand-Bassam. Georges Ouégnin incarne une synthèse rare entre tradition ivoirienne et ouverture internationale. Avec des origines arméniennes ou chypres, c’est selon, du côté maternel.
S’il a marqué l’histoire par sa longévité au sommet du protocole d’État, sa rigueur et son sens de la loyauté, c’est aussi l’homme des coulisses. Celui que l’on appelait lorsque la diplomatie exigeait finesse, confidentialité et efficacité. Il fut de toutes les grandes cérémonies d’État, des missions secrètes, des négociations sensibles, des réceptions d’envergure internationale. Il a connu les grandes heures de la Françafrique, les tournants du multipartisme, la transition post-Houphouët. Sans jamais chercher la lumière.
Et pourtant, quelle mémoire ! Quelle bibliothèque humaine !
C’est là l’objet de notre unique regret, en ce jour où l’on célèbre une telle figure : Georges Ouégnin n’a pas, jusqu’ici, laissé d’ouvrage pour la postérité. Pas de mémoires, pas de témoignage écrit, alors que son parcours, ses confidences, ses archives personnelles, ses observations sur les chefs d’État, les diplomates, les grands moments de notre vie républicaine pourraient nourrir des générations d’historiens, d’étudiants, de diplomates et de citoyens.
Il s’est, jusqu’à présent, refusé à cet exercice. Peut-être est-ce par pudeur, par fidélité ou par discipline. Peut-être n’a-t-il pas encore dit son dernier mot.
Il appartient à cette école de serviteurs de l’État dont la parole écrite vaut plus que mille discours. Le silence de l’homme, pour beaucoup, reste plus éloquent que les mémoires de ceux qui n’ont fait que passer.
Aujourd’hui retraité mais toujours actif, fondateur de la structure de lobbying GEO7, Georges Ouégnin continue de mettre son expérience au service de l’Afrique et de ses dirigeants. Il est aussi un père de famille accompli, époux de Jacqueline Biley parti récemme (originaire d’Aby, comme les écrivains Amon d’Aby et Serge Bilé), père de cinq enfants, dont Yasmina Ouégnin, députée de Cocody depuis 2011 et figure montante du PDCI-RDA. Sa famille est l’un des piliers de la vie publique, du sport à la politique, du droit à la santé.
En ce 13 juin, nous voulons lui dire respectueusement :
Bon anniversaire, Monsieur Georges François Ouégnin.
Vous êtes un monument vivant, un témoin privilégié de notre histoire, un homme qui a fait de la discrétion un art, et du service de l’État une vocation.
Nous espérons que, bientôt, vous accepterez de rompre le silence de vos archives. Pour que la mémoire ne se perde pas. Et que les Ivoiriens puissent enfin lire ce que vous avez vu, vécu et compris mieux que quiconque.
L’histoire vous doit un livre. Vous devez un livre à l’histoire de ce pays. Le pays vous doit sa reconnaissance.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
