Ce 22 mai 2025, il aurait eu 51 ans.
Stéphane Doukouré, alias Douk Saga, aurait encore pu faire danser les foules comme il savait si bien le faire.
Mais le destin en a décidé autrement. Le roi du coupé-décalé est parti trop tôt.
Né à Yamoussoukro en 1974, il transforme un parcours ordinaire en légende nocturne.
En 2001, il débarque à Paris. Objectif : études. Résultat : révolution musicale.
Loin de l’université, il fonde une armée de noctambules habillés en marques et en rêves.
Avec la Jet Set ivoirienne — Molare, Lino Versace, Shacoole, et d’autres — il invente un genre, un code, une allure.
Le coupé-décalé, c’est du son, de l’attitude, une manière de célébrer malgré tout.
La fête devient une arme, le boucan une manière de résister.
Dans les rues d’Abidjan ou les clubs de Paris, Douk Saga fait de la joie un statement.
Il ne chantait pas juste pour le plaisir
il imposait une vision, un lifestyle.
Costumes luxueux, billets lancés en l’air, slogans provocateurs — il bouleverse les codes, sans filtre.
Il voulait une médaille pour avoir remonté le moral du pays en crise.
Beaucoup l’ont pris à la légère. Mais sa musique, elle, est restée gravée.
Il faut rappeler que Douk Saga est arrivé dans un paysage musical dominé par les sonorités zouglou et coupé-décalé balbutiant.
En quelques mois, il a renversé la table, imposant une esthétique bling-bling devenue langage générationnel.
Le 12 octobre 2006, la fête s’éteint à Ouagadougou. Trente-deux ans à peine.
Une maladie, des silences, puis l’absence. Et un courant orphelin.
DJ Arafat, Debordo et bien d’autres marcheront dans ses pas.
Mais personne n’aura jamais son aura, son audace brute, sa manière de dire au monde : “Je suis là.”
Aujourd’hui encore, quand les enceintes vibrent d’un vieux coupé-décalé, son ombre danse quelque part.
Douk Saga, 51 ans aujourd’hui.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE