Joyeux anniversaire à Werewere-Liking, grande prêtresse de l’art vivant, figure rayonnante du panafricanisme enraciné et éclairé.
Depuis le cœur du Cameroun jusqu’en Côte d’Ivoire, elle trace une voie féconde entre culture et spiritualité.
Fille des mémoires orales, Eddy Ndjock Nicole recueille les chants anciens, les gestes oubliés, pour mieux nourrir les arts futurs.
Elle transforme la douleur historique en force de création, l’oubli imposé en mémoire incarnée par la scène.
Pionnière du théâtre rituel, elle fait résonner les tambours de l’âme africaine dans toutes les langues du monde.
Son œuvre est pont, son théâtre est tambour, sa peinture est prière, sa parole est offrande aux ancêtres.
Werewere-Liking est celle qui accueille, éclaire, transmet et relève les jeunes tombés dans le piège du désespoir.
Grâce au village Ki-Yi M’Bock, elle a fait éclore des étoiles qui brillent sur les scènes planétaires.
Son enseignement mêle beauté, rigueur, sacré, enracinement.
Pour construire des artistes conscients, autonomes et porteurs de changement.
Femme debout, visionnaire et libre, elle dit l’Afrique dans sa profondeur, sa douleur, sa richesse et son feu. Elle fabrique Bomou, Boni Gnaoré, la mère et le père de Didi B, King Mensah et bien d’autres
À travers son art total, elle réinvente la pédagogie, reconnecte l’éducation à la vie et aux ancêtres.
Elle défend l’humain d’abord, face à des politiques soumises, des élites tétanisées, des jeunesses à reconquérir.
À soixante-quinze ans, elle est cette voix claire, cette main tendue, cette mémoire vigilante de la dignité noire.
Loin des projecteurs opportunistes, elle cultive un feu intérieur transmis à mille enfants devenus à leur tour des maîtres.
L’Académie, les livres, les spectacles, les rituels, les chants : tout en elle porte l’Afrique, la nourrit, la sauve.
Were-Were Liking, c’est une vie d’exemple, de don, de combat fertile et d’amour inconditionnel pour notre continent meurtri.
Qu’en ce jour symbolique du 1er mai, fête du travail, elle soit célébrée comme travailleuse de l’âme.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
