On a eu l’habitude de foule pour les très grandes personnalités. Mais qui était cette femme simple pour qui tout le monde s’est déplacé à Ivosep, à Williamsville, à Villa Cadre, à St Albert le Grand ?
C’était Mme Oulé. Une femme d’une simplicité pas du tout synonyme de manque, mais de présence, de pleine conscience et de gratitude envers ce qu’elle avait dans l’instant présent. Et c’est souvent entouré de gens sans ou avec grade, que Mme Oulé trouvait la véritable richesse du cœur et de l’esprit.
Dans un monde où la complexité et la quête constante de plus — plus de biens matériels, plus de reconnaissance, plus de tout — définissent le succès, le bonheur, Mme Oulé avait opéré le choix de la simplicité.
Genèse

Dans la douce lumière d’un 25 mars 1941, à l’hôpital Treichville, naquit à 17h30 mn, une étoile qui allait rayonner sur les cieux de sa famille et de son quartier : Mme Déa Bohé Agnès, épouse Oulé. Fille de Treichville, petite âme d’une simplicité émouvante, elle n’était pas qu’une simple enfant : elle portait en elle le souffle de ses racines et la chaleur d’un héritage forgé par l’effort et l’amour. Son père, Gabriel, chauffeur aux TP et ambulancier, et sa mère, Blah Suzanne, ménagère engagée et membre de l’AFI, ont nourri en elle la conviction qu’on peut grandir en humilité, mais aussi en dignité. À 84 ans, son parcours reste une illustration de ce mélange précieux de simplicité et de grandeur.
Aînée d’une fratrie de cinq enfants, son parcours scolaire s’étendait de Bassam à Anyama, puis de Guiglo à Abidjan, où elle brillait autant par son esprit que par sa grâce. Sportive accomplie, basketteuse d’exception, elle transmit à ses enfants, notamment à Viviane et à Guillaume sociétaires de l’Africa Sports, et Simplice, son amour du sport et son esprit de combativité.
La jeunesse d’Agnès fut celle d’une quête incessante de dépassement de soi, un chemin jalonné par les succès scolaires et sportifs.
À l’adolescence, Mme Oulé n’était pas seulement celle qui excellait modestement en classe et sur les terrains de jeu, mais aussi une figure de beauté discrète, élue Miss Guiglo en 1958. Cependant, c’est l’amour qui marqua profondément son destin : en 1959, lors de sa formation d’infirmière, elle rencontra Rigobert Oulé, l’homme de sa vie, son époux, son soutien, celui qui lui offrit une famille épanouie et un amour inaltérable. Plus tard cet époux sera député.
Elle devint elle infirmière, spécialisée en anesthésie, et fit carrière au CHU de Cocody, avant de prendre sa retraite en 1993. Sa vie professionnelle, tout comme sa vie personnelle, fut marquée par une générosité inépuisable, une dévotion sans bornes à sa famille et à sa communauté.
Thatcher
Surnommée « Thatcher » par ses enfants pour sa fermeté bienveillante, elle incarna l’amour dans sa forme la plus simple, la plus pure, bâtissant son quotidien sur des moments d’échanges et de partages authentiques.
Mme Oulé vivait simplement, un choix de vie nourri par des bonheurs accessibles. Elle n’avait pas besoin de la gloire, elle avait le cœur à la mesure des choses simples, et c’est ce qui faisait sa grandeur. Elle vivait une vie riche en petites joies : une conversation honnête autour d’un verre, un moment de calme, un sourire échangé.
À la Cité des Cadres, là où elle résidait avec son époux, les habitants connaissaient la beauté de son sourire et la force tranquille qui émanait d’elle. Les familles Tchicaya, Moularé, Diarra, Diarrassouba, Essoh, Zunon-Kipré, Berté, Kouassi, Diomandé, Coulibaly, Toro, Kouamé, Lasmel, Sangaré, Dao, Etté, Kébé, Didi-Kouko, Tonian, Assemian, Porquet, Koné, Ebah, N’Zi, Taqui, Hoguié, Bissouma, Tanon, Tanoh pour ne citer que quelques unes… étaient présentes.
Quand Mme Oulé se leva pour partir, la communauté de Villa Cadres, sa grande famille, répondît présente, unie dans une solidarité sans faille.
Hier, la Cité des Cadres a battu le rappel de ses habitants dans un élan commun de respect et d’amour. L’hommage rendu fut un hommage pur, empli de simplicité et de sincérité. Chacun, dans sa mémoire collective, a salué celle qui a marqué leurs vies avec son engagement, sa gentillesse, et son amour inconditionnel pour les autres.
Dans un moment d’intense émotion, un véritable adieu s’est fait, celui d’une mère, d’une épouse, d’une amie.
Mais aussi d’un modèle de simplicité et d’engagement. Ce matin, on l’a mise en terre, dans une cérémonie empreinte de dignité. Mais aussi de cette lumière propre à ceux qui vivent et partagent avec une sincérité éclatante.
Dès le 16 avril, les habitants de Villa Cadres avaient témoigné d’un immense élan de solidarité, un hommage vibrant à l’une des leurs. Ce soir-là, de 19h00 à 20h30, une veillée religieuse a eu lieu à l’église Saint Albert le Grand, face au CHU de Cocody. Ce fut un moment de recueillement, une occasion pour la communauté de Guiglo et de Villa cadres de rendre hommage à la générosité et à l’amour dont Mme Oulé faisait preuve envers chacun.
Au cours de la semaine, du lundi 21 au mercredi 23 avril, de 18h00 à 20h00, la famille a ouvert son domicile familial à la Cité des Cadres, villa N°51, pour présenter leurs condoléances, un moment de communion dans la douleur, mais aussi dans l’amour partagé. Chacun, à son tour, est venu saluer cette figure de la communauté, de celle qui a œuvré dans l’ombre avec simplicité, mais a fait une lumière douce qui éclaire encore aujourd’hui.
Le vendredi 25 avril, à partir de 20h00, la veillée religieuse et traditionnelle s’est tenue dans le jardin de la Cité des Cadres.
C’était un ultime hommage rendu par ses voisins et amis, les amis de ses enfants (Josette, Simplice, Guillaume et Mylène) tous de noirs vêtus, un dernier adieu avant de la remettre définitivement à la terre.
Aujourd’hui 26 avril, dès 7h30, la famille et la communauté se sont retrouvées à la salle Houphouët Boigny de l’IVOSEP pour la levée du corps, un moment de recueillement avant le transfert à l’église Saint Albert le Grand, face au CHU de Cocody, pour une messe de requiem qui s’est déroulée de 9h00 à 10h00. Ce fut un moment solennel, empreint de dignité et de respect. Puis, elle a été inhumée au cimetière de Williamsville, dans la paix et la sérénité, entourée de ceux qui l’ont aimée.
Demain Dimanche 27 avril 2025, à 11h00, une messe aura lieu à l’église Saint Albert le Grand, afin de rendre grâce pour la vie de Mme Oulé, une vie consacrée à sa famille, à ses proches et à la communauté, une vie tissée de simplicité et d’amour.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE