Succession à Hiré : la population retient son souffle

1 mois

Hiré, ce samedi 12 avril, un long cortège d’émotion s’ébranle vers Aparagra, village de la sous-préfecture de Zégoh, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville.

Le maire Francis Gilbert Kacou, subitement décédé le 7 mars dernier, est conduit à sa dernière demeure. Après une nuit d’hommage tout aussi émouvante. Moment de fédération des douleurs, qui aura, un tant soit peu, dissipé les rancœurs nées de son divorce d’avec le RHDP pour le PDCI-RDA, à peu près un mois avant son décès.

Le ministre Amédée Kouakou, principal protagoniste de cette période d’agitation dans la ville de Hiré, était aux premières loges. Il a déboursé un peu moins de 15 millions pour donner du contenu aux obsèques de son filleul intraitable. Le maire « Choco » de Hiré est parti, laissant derrière lui une ville meurtrie. Et une guerre de succession larvée.

D’un côté, son dernier cercle, resté fidèle jusqu’à sa disparition, malgré son changement de camp politique. Ils se présentent sur les différentes plateformes comme les légitimes héritiers de GFK. Ils agitent à souhait l’argument complotiste de l’assassinat, pour discréditer tout candidat susceptible de bénéficier de l’investiture RHDP.

De l’autre, les relais naturels du ministre Amédée Kouakou, perçus comme ceux à qui profite le crime.

Sachant que sur les 50 conseillers formant le collège électoral, 40 sont issus du parti au pouvoir, contre 8 pour le PPA-CI et 2 pour le PDCI-RDA, autant dire que la partie est loin d’être gagnée pour les compagnons d’infortune de feu GFK. Surtout quand on sait que le temps est l’ennemi le plus sûr des arguments doloristes. Et, à ce niveau, le RHDP, assuré de reprendre la tête du conseil municipal, manœuvre habilement.

L’arrêté n°387 du 2 avril 2025, qui encadre l’intérim du maire Akafou Marcellin, reste muet sur la durée.

« Il n’y aura pas d’élection à Hiré ici, avant trois mois », assure un conseiller municipal réputé bien introduit.
Le temps que les ressentiments se dissipent, se dit-on.
« De toutes les façons, la loi dit que l’intérim ne doit durer que 45 jours. Je ne sais pas pourquoi l’arrêté ne le mentionne pas. Mais nous avons les textes, et on attend », affirme un autre conseiller, plutôt suspicieux.

Dans ce décor de tension sournoise, des profils émergent. Comme celui de Serge N’Guessan, anciennement quatrième adjoint au maire. On le soupçonne d’être le préféré des cyberactivistes, qui voient dans le brusque décès de GFK un coup du RHDP pour reprendre la mairie au PDCI-RDA.

« L’œuvre de GFK doit être poursuivie. Vous savez bien que s’il y a un dispensaire au quartier Baoulé aujourd’hui, c’est grâce à GFK. S’il y a un château d’eau à Hiré, c’est également grâce à lui. Pour nous, il faut quelqu’un qui est resté proche de lui alors que tout le monde lui avait tourné le dos, pour continuer son œuvre », confie un conseiller.

L’un des tout premiers adjoints au maire à faire le deuil de l’abandon de la juteuse étiquette du parti au pouvoir, N’Guessan avait fini par s’imposer comme l’homme à tout faire du défunt maire. Au point de se mettre à rêver, lui aussi.

En face de lui, potentiellement, Akafou Marcellin, maire intérimaire. Tête de gondole des frondeurs d’hier, il est ordinairement de tempérament conciliant. Originaire de Gogobro, village situé à moins de 3 km de Hiré, il bénéficie de l’empathie des autochtones Dida, en plus du solide soutien de Koné Zié, anciennement deuxième adjoint au maire, et homme de main du ministre Amédée Kouakou.

Hiré a encore de quoi retenir son souffle.

ERICK FOFANA

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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