la dictature naît de la mauvaise qualité de l’opposition

3 semaines

J’ai écrit récemment un article dans lequel j’appelais Tidjane Thiam et son PDCI à soutenir le PPA-CI.

Notamment après que les députés de ce dernier aient quitté l’Assemblée nationale. Reprochant à l’absence de leur leader, Laurent Gbagbo, sur la liste électorale. J’avais déploré, dans ma réflexion, que Thiam et son PDCI ne suivent pas le mouvement du parti de Gbagbo, pourtant en quête de légitimité et de soutien populaire.

Le lendemain de la publication de cet article, sans que mes propos n’aient été véritablement entendus ou lus, les militants du PDCI ont fait une déclaration officielle de soutien au PPA-CI. Voilà ce que j’appelle une opposition forte. Une opposition qui sait se remettre en question, s’ajuster, et agir en fonction des besoins du moment.

Les réactions qui ont suivi la publication de cet article m’ont amené à une profonde réflexion. Et il est nécessaire que je clarifie ma pensée. Beaucoup, certainement guidés par mon patronyme  ont interprété mon propos comme un soutien direct à Gbagbo. Une position que je tiens à rectifier. Il n’a jamais été question pour moi de m’aligner derrière Gbagbo ou son parti.

Quelques journalistes s’alignent derrière des politiques. C’est leur droit. Je ne partage pas cette posture que je trouve honteuse même si je la comprends et qu’elle s’explique.

Si j’ai demandé à Thiam et au PDCI de soutenir Gbagbo, c’est peut-être parce que le PPA-CI a besoin de cette force pour exister pleinement. C’est aussi et d’abord que le Pdci a besoin de saisir des opportunités. Nous sommes en politique en effet. Mais bien plus que ce soutien ponctuel à un individu, c’est l’ensemble de l’opposition qui a besoin de force. C’est une force qui dépasse les simples clivages politiques et qui se déploie dans une vision collective, pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.

De Thiam j’exigerai toujours le meilleur parce que cet homme est brillant et il n’est pas question d’attendre peu de lui.

Cependant, la véritable nécessité, au-delà de Gbagbo ou de Thiam, réside dans la nécessité d’une opposition forte. Capable de nourrir le pouvoir lui-même. Car c’est bien ce pouvoir, le RHDP, qui, au fond, a besoin de cette opposition pour être véritablement fort. Une opposition sans compromis, sans peur, qui ne se contente pas de faire acte de présence.

Mais qui incarne un contre-pouvoir actif, constructif et respecté. Pour ceux qui en doutent, rappelons-nous qu’Houphouët-Boigny, le père fondateur, n’a jamais eu une position de force uniquement grâce à ses alliés ou à ses soutiens. Mais si Houphouët-Boigny a été fort c’est bien grâce à la qualité de son opposition.

Félix Houphouët-Boigny a affronté de grands talents : Donwahi, Mockey, Banny, Jean-Camille Gragbé, et plus tard Gbagbo et Zadi Wodié. Chacun d’eux apportait une vision, une intelligence, une présence scénique et un charisme qui ont permis de structurer le champ politique ivoirien. C’est cette opposition forte, agissante, intelligente et cohérente qui a nourri la force de son pouvoir.

Le Rhdp et Ouattara sont une véritable formation politique, bien structurée et ont besoin d’affronter une opposition forte. Et non des regroupements affaiblis par leur division. C’est la mauvaise qualité de l’opposition qui rend les pouvoirs dictateurs.

Les Ivoiriens doivent apprendre à bâtir leurs leaders en construisant une opposition digne de ce nom. C’est dans cette dynamique que naissent les grands dirigeants.

Une opposition forte, ce n’est pas simplement une opposition qui s’oppose. Non, c’est une opposition qui questionne, qui critique, mais qui surtout propose. Car plus l’opposition est forte, plus nos leaders sont charismatiques, plus notre démocratie est solide.

Dans cette logique, la politique ne devient pas un simple jeu de pouvoir, mais un véritable acte de construction pour l’avenir. C’est cela, la véritable force du pays: les acteurs porteurs d’espoir. Qu’ils soient au pouvoir ou de l’opposition. Mais la population doit rêver de grands leaders

ALEX KIPRE

POUVOIRS MAGAZINE

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