Léandre Nali : Bonne santé, il soigne grâce à la danse à l’africaine.

2 semaines

D’Abidjan au Québec, où il évolue désormais, Léandre Nali  est enseignant de danse et activiste de la tradition africaine.

Il explore une autre facette très utile des danses africaines. Celle où leur apport à la science permet de prévenir ou de venir à bout des maladies métaboliques et neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, diabète, etc.).

Début décembre 2024, Léandre Nali a mis son séjour abidjanais à profit pour retrouver sa famille. Mais aussi pour présenter à la communauté artistique ivoirienne un pan de ses travaux menés au Québec. Il y vit désormais. Organisée par Move Quest, sa structure d’opérations artistiques et sociales, la conférence publique qu’anime l’enseignant de danse. Joëlle Koffi, docteure spécialiste en biochimie et biologie moléculaire l’accompagnait. Le thème était« Maladies métaboliques et neurodégénératives : comment danser pour les prévenir ou en venir à bout ».

« Danse à l’africaine », thérapie

À travers cet atelier-conférence combinant exercices pratiques en danse et exposé théorique, l’ancien enseignant de l’INSAAC, désormais coach sportif en neurosciences au Québec, a présenté les bienfaits de la danse. La danse à l’africaine dans le maintien de la santé somatique à la base. Soulignant surtout son action décisive dans la prévention ou le traitement de maladies « émergentes ». Telles que les AVC, Alzheimer, diabète, Parkinson, véritables problèmes de santé publique actuellement en Côte d’Ivoire.

Dans la dialectique du professeur de danse, il est essentiel de faire la nuance entre la danse africaine et ce qu’il appelle la danse à l’africaine afin de mieux cerner sa méthode de praticien. C’est tout simplement un jeu de mots rhétorique qui sert un concept artistique.

En effet, d’après ce traditionaliste du patrimoine africain qui la conceptualise en méthode artistico-therapeutique, « la danse à l’africaine découle des gestes basiques du quotidien de l’Afrique ancestrale.

Tels que puiser de l’eau dans le puits, faire la lessive, porter ses paquets champêtres sur la tête, marcher et être en perpétuels mouvements physiques dans l’accomplissement des tâches ménagères quotidiennes ».

De façon pratique, l’accomplissement de ces efforts facilite la mobilité, entretient la forme et chasse la sédentarité et ses facteurs pernicieux sur la santé.

Fondamentalement, la méthode « Danse à l’africaine » est la touche africaine qu’apporte Léandre Nali à la méthode Feldenkrais qu’il reprend.

Cette célèbre méthode alternative du corps, développée dans les années 40-50 par le thérapeute et scientifique israélien Moshe Feldenkrais, utilise le mouvement afin de booster le bien-être, tonifier le squelette et soulager les tensions musculaires. La danse à l’africaine de Coach Nali inclut évidemment des danses africaines : l’Adjoss des Baoulé, le Zaouli du peuple Gouro du centre-ouest ivoirien, l’Aloukou des Bété de l’ouest ivoirien, le Tématé, le Dozodon des peuples du nord, etc.

« Chacune de ces danses, explique Coach Nali, offre une gestuelle utile à la coordination du mouvement somatique, ce qui apparaît bénéfique à la mobilité. Ce sont des petits mouvements qu’on peut réaliser facilement en milieu professionnel ou chez soi à la maison, qui vous permettent de lutter contre les maladies métaboliques et neurodégénératives ».

Activiste de la cause de la danse africaine

La « danse à l’africaine », cette méthode de danse-thérapie et de neurosciences inspirée des danses africaines, est manifestement une aubaine scientifico-pédagogique et conceptuelle pour qui connaît Léandre Nali et son militantisme actif pour la valorisation de la culture africaine.

Diplômé de l’École supérieure de musique et de danse de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC), le natif de Bouaké a épousé la danse au départ comme un appel à œuvrer pour lui donner la dimension scientifique et utilitaire que mérite ce patrimoine ancestral exceptionnel de l’Afrique.

Après ses diplômes, cet « appelé » de la danse s’oriente naturellement vers l’enseignement de cette matière à l’INSAAC. Parallèlement à sa fonction professionnelle, Léandre Nali s’engage dans des activités bénévoles de promotion et d’éducation à la danse.

En 2011, avec son ONG Danse l’Afrique, il crée les Rencontres Chorégraphiques d’Abidjan (RCA), destinées à explorer toutes les thématiques de valorisation de la danse.

Des conférences avec des scientifiques et des formations pratiques avec des chorégraphes de renom constituent le fondement des cinq éditions des RCA entre 2016 et 2020.

Au-delà de la pratique chorégraphique en elle-même, tout le patrimoine culturel et identitaire autour de la danse africaine est exploré par Léandre Nali dans le projet des Rencontres Chorégraphiques, qui offriront l’opportunité à des universitaires de renom (feu le Prof Sery Bailly, Prof Yacouba Konaté, Docteure Christine Mons, Dr Constantin Kontogianis, etc.) et des chorégraphes professionnels (les Ivoiriens feu Rose Marie Guiraud et Georges Momboye, le Malien Dramane Sidibé, le Tchadien John Mbainaido, etc.) de décortiquer cette expression artistique et culturelle.

Ateliers et expositions sur le bogolan, tissu authentiquement africain, parades folkloriques autour de la danse Goumbé et ses origines, enseignement de la danse africaine et de sa culture dans des écoles primaires : Léandre Nali œuvrera sur plusieurs fronts pour porter sa cause.

En avril 2022, Léandre Nali s’exile au Canada.

Un exil professionnel destiné à renforcer ses compétences et connaissances académiques pour la pratique de son art. Basé à Longueuil, localité proche de Montréal (au Québec), sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, l’enseignant ivoirien, bientôt âgé de 37 ans, a suivi un programme préparatoire pour un diplôme de premier cycle en enseignement de la danse, qui devrait aboutir à une maîtrise et la rédaction d’une thèse.

C’est dans le cadre de ses recherches que le jeune apprenant, toujours curieux d’en apprendre plus sur la danse, s’oriente et obtient un certificat en art-thérapie et en neurosciences.

En attendant d’être rattaché à une école ou à une clinique spécialisée, Léandre Nali intervient pour le moment à Saint-Sablon. un centre médical communautaire de Montréal, où le professeur de danse à l’africaine dispense sa méthode à des patients avec beaucoup de succès. Il a par exemple pu redonner de la mobilité à une septuagénaire qui, au départ, s’était résignée à son impotence.

La méthode de l’Ivoirien fait également ses preuves auprès des jeunes confrontés à des problèmes somatiques.

Autant de programmes qui permettent au coach en neurosciences d’implémenter les vertus de la danse africaine sur la santé psychosomatique, dans le traitement des maladies affectant les systèmes cognitifs et musculaires. Avec beaucoup d’aisance et de satisfaction.

Désireux de mettre ses connaissances au service de son pays, Léandre Nali espère que le système sanitaire ivoirien permettra, vu l’accroissement de ces maladies métaboliques et neurodégénératives, l’introduction bientôt de cette forme d’art-thérapie qualitative et performante dans le dispositif de traitement.

Histoire de joindre l’utile à l’agréable pour sauver des vies.

Aaron Leslie

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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