1 an

Il est au programme des collégiens en Côte d’Ivoire.

C’est une pièce de théâtre qui tient en cinq tableaux et 110 pages. Elle est éditée par Vallesse éditions en 2008. L’auteur, Soro Guéfala a lui déposé la plume en 2017. Il était Inspecteur de l’Enseignement secondaire à Divo en Côte d’Ivoire.

N’guana et Manewa sont un couple parent d’un seul enfant, une fille : Minan. L’homme est un ouvrier au chômage, sans aucune économie et la femme, ménagère. Leur fille, récemment admise au collège, est atteinte d’une hépatite virale. Contraints d’emmener leur enfant à l’hôpital, une ordonnance à payer vient en rajouter à leurs soucis financiers, déjà étouffants. Ce drame familial bouleversera la vie de ces trois personnes.

Les thèmes abordés peuvent être d’excellents sujets de débat entre parents et enfants. La lecture est fluide et l’histoire vous obligera à accélérer votre rythme. Mais rassurez-vous, vous relirez certains passages pour être surs d’avoir bien lu les mots. C’était un bon moment de lecture. Pour ma part, je retiens qu’il n’y a aucun remède à la pauvreté, même pas la mort. Quelques points intéressants sont à noter.

L’authenticité de l’amitié

Cette vertu tend à perdre ses lettres de noblesse à en croire l’opinion de nombre de gens. Il y a d’un côté ceux qui pensent que les amitiés aujourd’hui ont des dates d’expiration relativement courtes. D’un autre, des plus catégoriques qui pensent que tout est intéressé. Dans l’Ordonnance de Soro Guéfala, le personnage de Karim a démontré sa fidélité sans faille à ses amis. Ni la pauvreté de ceux-ci, ni même leur attitude n’ont pu refroidir sa loyauté. De son côté, son ami N’guana lui aussi a su se montrer reconnaissant à cet ami qui l’a soutenu de longues années alors qu’il était dans la détresse. L’un musulman fervent et l’autre visiblement athée ; cette situation n’aura eu aucune influence sur leur relation.

Elles ont leur importance c’est clair, mais ici, j’ai aimé comment l’auteur les a présentées. On se surprend à se poser les mêmes questions que le personnage quant à l’utilité de toutes ces démarches administratives. Vu la fin du livre, on se dit que toutes ces démarches ne sont finalement pas si vaines.  Il faudrait peut-être penser à des alternatives aux cas de citoyens dans l’incapacité de s’y soumettre. Trouver un bon équilibre surtout dans des pays où de nombreuses gens sont en proie à des situations d’indigence extrême.

Communauté de biens, retour à la terre

Que dire du personnage de Nando le cousin de N’guana. Ce PDG d’entreprise n’a pas tellement l’air de comprendre le régime matrimonial sous lequel il est marié avec son épouse. J’ai rigolé en lisant ce passage

« – Nando : Tu sais, ma femme et moi vivons sous le régime de la communauté de biens. Karim : y a-t-il vraiment un rapport entre ce qu’on te demandait et ta fameuse communauté de biens ? Nando: Bien sûr, cher ami ! avant d’engager une dépense, nous devons nous concerter, ma femme et moi, pour situer l’intérêt de notre foyer dans ladite dépense. Page 94. »

Aux citadins qui peinent à joindre les deux bouts, on recommande souvent de retourner au village cultiver la terre. Les conseillers tiennent-ils seulement compte du fait qu’une parcelle de terre est très souvent payante ? Ils oublient parfois que le capitalisme ne se limite plus uniquement à la ville. La réalité est que les villageois eux-mêmes doivent faire face à plusieurs défis. Nombre d’entre eux pensent d’ailleurs qu’en ville, la vie est moins difficile. Dans tous les cas, le retour au village n’est une solution miracle aux difficultés des grandes villes.

En somme, dans l’Ordonnance de Soro Guéfala, on est embarqué dans une spirale interminable de paradoxes et de malentendus.

VANESSA ALABI

OPINIONS

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