Front social en Côte d´Ivoire : la trêve agace.

6 mois

Le mercredi 20 mars dernier, le Syndicat Autonome pour Garantir l´Epanouissement des Enseignants chercheurs (SAGEC) a lancé une grève de 72 heures, suivie à 70% dans les grandes universités, sur tout le territoire ivoirien.

C’est du moins l’avis de Dr. Koba Louis, le Secrétaire Général de cette formation syndicale de l´enseignement supérieur.

Deux jours avant, c´étaient des organisations syndicales du secteur éducation-formation qui suspendaient leur participation aux discussions sectorielles pour exiger un « nouveau cadre de discussion plus constructif et productif ».

En clair, l´étrange accalmie du front social est de plus en plus perturbée par des cris étranglés. Des voix se font entendre sous forme de clameur. Le travailleur ivoirien, visiblement, est de plus en plus à l´étroit dans la camisole étriquée de la trêve sociale de cinq ans, signée en août 2022 entre le gouvernement Patrick Achi, premier ministre d’alors et certaines plateformes syndicales dont la représentativité n´a jamais été ni prouvée, ni éprouvée.

Faut-il lier ce regain de réactivité des formations syndicales à la mise sur pied de la confédération Syndicale Espoir (C.S.E), le 6 mars dernier ? Le positionnement anti-trêve de cette toute nouvelle centrale peut, en effet, permettre d´en faire le deus ex machina de cette nouvelle dynamique.

Et on est d´autant plus fondé à le penser que la position de départ de son premier secrétaire confédéré, Pacôme Attaby, est confirmée par les dates manquées de la réédition de cet étrange accord gouvernement-plateformes syndicales d´août 2022. « Le pouvoir veut juste gagner du temps. » Avait-il martelé, quelques jours après l´engagement de ces dernières.

Un an et demi après, en effet, on n’est guère allé au-delà des mesures de contentement qui ont poussé à la signature. Plus aucun point des revendications majeures des travailleurs n´a bénéficié de regard bienveillant du pouvoir. Les discussions sectorielles ont vécu faute de représentativités réelles des différents ministères concernés. Le ministère de l´éducation nationale et de l´alphabétisation vient d´ailleurs d´en dire le requiem après le retrait des différents syndicats du secteur éducation formation.

La grande offensive communicationnelle du gouvernement autour du nouveau statut de la fonction publique apparait comme un ballon de baudruche aux yeux des fonctionnaires pour qui l´essentiel de la situation salariale du fonctionnaire n´a pas été abordé. « Les travailleurs, dans le contexte actuel, ne demandent que l´amélioration de leur pouvoir d´achat. Et la seule façon de le faire, c´est de relever l´indice référentielle de base (IRB) qui concerne tout le monde. Même le travailleur à la retraite. Tout le reste, c´est du saupoudrage. Je vous apprends que l´indice appliqué aujourd´hui est en vigueur depuis plus de 60 ans. » S´indigne un inspecteur d´éducation.

En clair ce n´est peut-être pas encore la fronde, mais force est de constater que le rapport travailleur-état de Côte d´Ivoire n´a plus l´harmonie des premiers jours de fiançailles. Assurément, la trêve commence à agacer. Le discours de rupture de la C.S.E a certainement fait tomber les écailles des yeux.

ERICK FOFANA

POUVOIRS MAGAZINE

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