CAN 2023/ÉLÉPHANTS : LA PRESSION, L’ADVERSAIRE NUMÉRO 1

12 mois

  S’il est un facteur déterminant sur lequel les athlètes ivoiriens ont souvent montré de réelle insuffisance, c’est bien la gestion de la pression. 

Cette fâcheuse habitude de flancher dans les rendez-vous importants. À mesure que les enjeux s’élèvent, les éléphants ont bien souvent  montré des signes de fébrilité hallucinants. Tel un syndrome qui se transmet de génération en génération, les pachydermes ivoiriens peinent à assumer lors des joutes importantes, ce statut de géant du football africain.

Les protagonistes de Sénégal 92 ne sauraient contredire cette assertion. Si le courage et la solidarité de cette cuvée n’est pas à remettre en cause, ils n’ont eux-mêmes de cesse d’affirmer que la pression fut difficile à gérer tout au long du tournoi. En poursuivant qu’ils étaient au bord de la rupture sur certains matchs.  De plus, ce groupe avait la réputation de flancher chaque fois qu’elle avait l’opportunité d’écrire l’histoire. Égypte 86, Maroc 88, Algérie 90, tous soldés par des échecs. Pour ceux qui s’en souviennent, avant l’expédition sénégalaise, aucun ivoirien ne misait un Kopeck sur cette équipe habituée à décevoir. Et pourtant, on parle d’Abdoulaye Traoré, Tiéhi Joël, Youssouf Fofana, Maguy Serges Alain, Otokoré Didier, Sam Abouo…Tous talentueux.

 

Idem pour les générations antérieures. Les Pokou, Manglé, Kallé, Moh, Déhi et autres François Tahi  n’étaient aucunement  dépourvus de qualités techniques. Les coupes d’Afrique de 1968 et 1970 l’attestent. Ils souffraient en revanche de la même insuffisance que leurs cadets. Des footballeurs naturellement doués, dotés d’une habileté technique particulière,  mais fragile émotionnellement qui peinent à se sublimer dans la difficulté.

Confirmant ainsi la maxime qui prétend  que seul le talent ne suffit pas. La grita, le fighting spirit, le mindset, remontada…un lexique qui fait cruellement défaut aux joueurs ivoiriens, toutes composantes et catégories confondues. Si bien que le palmarès footballistique n’est guère à la hauteur du potentiel.

La Côte d’Ivoire, c’est le deuxième recordman de participation à la coupe d’Afrique des nations derrière le mastodonte égyptien (25 apparitions), pour seulement deux titres et deux finales perdues. Trois participations en coupe du monde, chaque fois éliminées au premier tour, et un sacre en 2013 chez les moins de 17 ans. En club ça n’est également pas élogieux . Deux coupes des clubs champions ( Stade d’Abidjan 1966 – Asec Mimosas 1998), une coupe CAF en 1993 pour le Stella Club d’Adjamé, et deux coupes des coupes pour l’Africa Sports d’Abidjan respectivement en 1992 et 1999.

Au vu du pedigree qualitatif, c’est une bien maigre moisson pour un grand pays de football. Comme très souvent, les équipes ivoirienne font figure de favori à la veille de chaque compétition. Mais trébuchent par leur fébrilité mentale, leur carence à se surpasser dans  l’adversité. Il est tout de même curieux que la direction technique nationale depuis des lustres, n’ait jamais envisagé une réelle dynamique curative à ce mal pernicieux. Les centres de formations quant à eux, continuent de pulluler à chaque coin de rue, avec pour seule obsession de réaliser le gros transfert qui les sortira des méandres de la pauvreté. Il est de notoriété publique que le footballeur ivoirien est injouable quand il se débarrasse de la pression. Et dire que la psychologie est inexistante dans le cursus de ces footballeurs en herbe. Que fait-on pour y remédier?

 

Au risque d’être redondant, les victoires futures sont le fruit en amont d’un labeur structuré et sans compromission. Elles résident dans un diagnostic intransigeant qui propose en aval des solutions efficientes. En dépit des insuffisances visibles, ne faudrait-il pas accentuer la préparation sur cet aspect? Une équipe commando stipule une escouade gonflée à bloc, faisant abstraction de la pression et capable de se hisser au niveau de l’événement.

Pour cette prochaine échéance, à fortiori à domicile, force est de présager de l’énorme pression qui s’abattra sur les frêles épaules de ces futurs élus. Cette charge si noble mais Ô combien délicate. Des plus illustres avant eux ont expérimenté le poids de ce maillot orange. Celui-ci présuppose une dimension sociologique, psychologique, spirituelle, sociale et politique sans pareil. Il faudra sérieusement appréhender cet adversaire qui a hanté et qui continue de traumatiser nos athlètes. Travailler à inscrire cet esprit de conquérant dans notre ADN, rester digne et résilient, pour vaincre avec héroïsme. Afin d’en finir avec ce genre de phrase teintée de défaitisme : “ils n’ont pas démérités”. Les vainqueurs arrachent la victoire en haïssant la défaite. Tout est dans l’état d’esprit.

LOÏC DAMAS 

POUVOIRS MAGAZINE

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