Hier alliés dans la conquête du pouvoir footballistique, Malick Tohé et Idriss Diallo se livrent désormais une bataille silencieuse mais implacable pour le contrôle de la Fédération ivoirienne de football.
Ambitions contrariées, alliances mouvantes et rivalités politiques : les dessous d’un duel qui agite les coulisses d’Abidjan.
Ils étaient amis avant 2020. Puis Tohé à aider Diallo à prendre la fédé. Ils s’étaient trouvés dans la ferveur de la CAN 2023.
Idriss Diallo, premier vice-président du comité d’organisation chargé du marketing, de l’hospitalité et des médias, formait alors un tandem efficace avec Malick Tohé, président de la commission Compétitions. Ensemble, ils incarnaient une génération de dirigeants ambitieux, déterminés à moderniser le football ivoirien.
En coulisses, une rumeur persistait : sans le soutien décisif de Tohé, Diallo ne serait jamais devenu président de la FIF. Le premier avait mis son influence et ses réseaux au service du second, convaincu qu’ils partageraient les rênes du football national. Mais les promesses d’hier se sont évanouies dans les jeux de pouvoir d’aujourd’hui.
De la complicité à la défiance
Deux ans après leur idylle institutionnelle, le torchon brûle.
Les relations entre les deux hommes se sont refroidies au fil des mois, sur fond de divergences de méthode. Et surtout d’égo. Tohé, longtemps considéré comme le “faiseur de rois”, se retrouve marginalisé au sein du comité exécutif de la FIF. Officiellement, il reste membre de l’équipe dirigeante. Officieusement, lui le fils d’Idriss Tohé, fidèle de Félix Houphouët-Boigny, il est devenu l’opposant silencieux de Diallo.
Ses soutiens, eux, parlent de trahison. Car selon plusieurs sources proches du dossier, Tohé aurait nourri l’ambition, il y a belle lurette, de briguer la présidence de la Fédération. Il avait pour soutien Soro Guillaume tout puissant premier ministre. Mais ce ses liens jugés trop étroits avec Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale, avaient pesé lourd dans la balance politique. Au moment du désamour de ce dernier avec le Président Ouattara. C’est finalement Idriss Diallo, jugé plus consensuel, qui avait été préféré — un “président par défaut”, selon les mots amers de son ancien allié.
Un retour en grâce savamment orchestré
Aujourd’hui, Malick Tohé n’a pas renoncé. Son mariage avec une proche du cercle présidentiel, perçu comme un signe d’apaisement vis-à-vis du clan Ouattara, lui a permis de regagner en crédibilité politique. Téné Brahima était présent, représentant son grand frère, chef d’Etat. Et aussi le club de Korhogo dont Tohé est un dirigeant: Président depuis avril 2024. Désormais plus affable, plus présent, surtout avec la distance avec Soro, il multiplie les gestes d’ouverture et les initiatives symboliques.
Le 15 octobre dernier, dans la commune huppée de Cocody, il réunissait autour d’un dîner plusieurs responsables d’associations membres de la FIF/ Profitant de leur présence à Abidjan pour la 10ᵉ journée des éliminatoires du Mondial 2026. Dans une ambiance à la fois chaleureuse et calculée, il a remercié ses invités pour leur fidélité :
« Si vous êtes venus, c’est que vous avez, je le crois, un peu d’affection et d’estime pour ma personne. Et cela me touche profondément », a-t-il lancé, la voix vibrante de sincérité.
Mais derrière les mots, chacun a perçu le message politique. Tohé prépare le terrain. A deux semestres de la Présidentielle de la Fif, il reçoit, écoute, promet. Et s’il rassemble aujourd’hui les présidents de clubs, ce n’est plus pour soutenir Diallo, mais pour lui succéder.
La présidence dans le viseur
Les élections de la FIF, prévues pour avril 2026, s’annoncent explosives. Idriss Diallo, conforté par l’organisation réussie de la CAN et une popularité relative dans les milieux institutionnels, affiche une confiance certaine — parfois perçue comme de l’arrogance par ses détracteurs. Tohé, lui, avance masqué, cultivant une image d’homme de terrain et de rassembleur.
Entre les deux anciens alliés, plus rien ne semble possible. L’un revendique la légitimité du pouvoir, l’autre celle du mérite. Dans un environnement où football et politique sont intimement liés, la bataille s’annonce féroce.
Et si, derrière cette rivalité sportive, se jouait en réalité un nouveau chapitre du grand échiquier politique ivoirien ? Les deux hommes, autrefois alliés par intérêt et ambition, se retrouvent désormais face à face. Dans une lutte où l’enjeu dépasse le simple ballon rond : la conquête du pouvoir, tout court. Après la Présidentielle politique et la Can au Maroc. Malheureusement aucun des 2 ne connait vraiment le football et cela pourrait ne peut pas améliorer l’écosystème.
DESIRE THEA
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
