24 octobre: Usher, la Côte d’Ivoire accueille un diplomate

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Né le 24 octobre 1930 à Grand-Lahou, Arsène Usher Assouan demeure une figure majeure de la diplomatie ivoirienne et africaine.


Décédé le 13 octobre 2007, il aurait célébré ses 95 ans cette année. Son héritage politique et moral continue d’inspirer le continent.

À seulement seize ans, Arsène Usher Assouan prononça son premier discours politique. Révélant une éloquence et une audace hors du commun.

À quinze ans, on l’emprisonna quinze jours pour avoir défendu un réquisitionné au travail forcé. C’était dans un geste de courage civique.

Trois ans plus tard, on le renvoya de son collège pour avoir accueilli Félix Houphouët-Boigny à Grand-Lahou par un discours patriotique.

Considéré comme un agitateur politique, il fut interdit d’études dans toute l’Afrique Occidentale Française, symbole de son indépendance d’esprit.

En 1948, il rejoignit clandestinement la France où il poursuivit ses études de droit jusqu’à son retour triomphal en 1956.

Devenu avocat à la cour d’appel d’Abidjan, il marqua les esprits par son intelligence, sa rigueur et son engagement républicain profond.

Arsène Usher Assouan entra en politique dès la fin des années 1950, élu député puis vice-président de l’Assemblée constituante ivoirienne.

Remarqué par le président Félix Houphouët-Boigny, il devint son attaché de cabinet et l’un de ses plus fidèles collaborateurs politiques.

Le 25 mars 1961, il présenta ses lettres de créance comme délégué permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations Unies.

À New York, il se distingua par la proposition d’une résolution historique en faveur d’un État palestinien, adoptée bien plus tard.

En 1962, il mena la délégation afro-asiatique auprès de Kennedy et Khrouchtchev pour éviter un affrontement nucléaire autour de Cuba.

Ses talents diplomatiques furent salués par le secrétaire général de l’ONU, U Thant, qui proposa son nom pour un poste international.

Houphouët-Boigny, estimant qu’il était indispensable à la Côte d’Ivoire, refusa cependant qu’il rejoigne la direction des Nations Unies.

MAIRE DE COCODY PUIS DE GRAND LAHOU

Le 21 janvier 1966, à seulement trente-cinq ans, il fut nommé ministre des Affaires étrangères de la République de Côte d’Ivoire.

Pendant onze ans, il fit rayonner la diplomatie ivoirienne à travers le monde, résolvant de nombreuses crises africaines et internationales.

Sous son autorité, la Côte d’Ivoire devint une voix écoutée dans la lutte contre l’apartheid. Et pour la décolonisation portugaise.

Décoré dans dix pays, il reçut plusieurs distinctions prestigieuses.

Commandeur, grand officier et grand-croix pour son action diplomatique exceptionnelle. En 1980, il revint sur la scène nationale comme premier maire élu de Cocody. Il l’administra avec vision et humanisme pendant dix ans.

De 1990 jusqu’à sa mort en 2007, il dirigea la commune de Grand-Lahou. Sa terre natale qu’il servit avec fidélité et honneur.

Seize ans après sa disparition, la Côte d’Ivoire se souvient d’un homme d’État rigoureux, patriote et profondément attaché à la justice.

Aujourd’hui, un boulevard d’Abidjan et un lycée de Grand-Lahou portent son nom. Perpétuant la mémoire d’un serviteur exemplaire.

À l’occasion du 24 octobre, son pays s’incline devant la grandeur de son œuvre et la noblesse de son engagement.

MARIE GNIALET

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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