Générations en rupture : Fossés de l’âge et du pouvoir

4 semaines

Dans le Nord, les jeunes désertent les campagnes vieillissantes ; en Afrique, l’énergie de la jeunesse reste exclue des décisions. Pourquoi ?

Les jeunes quittent les campagnes pour les villes où ils espèrent opportunités, éducation, emplois et modernité, abandonnant les anciens derrière eux.
Dans les zones rurales, les plus de 65 ans forment souvent la majorité, sans relève ni perspective de renouvellement démographique durable.
La Corée du Sud compte des villages sans enfants, uniquement peuplés de retraités, devenus de véritables musées du passé vivant.
En Allemagne, en France, au Japon, la désertification rurale est à la fois démographique, culturelle et surtout générationnelle.
Certaines communes italiennes comme Sambuca vendent leurs maisons à 1 euro pour attirer familles et réinjecter du sang jeune.


On assiste donc à une fracture géographique de l’âge, où la ruralité devient le bastion des aînés oubliés.
En ville, les jeunes dictent les tendances culturelles, numériques et politiques, accentuant l’écart de valeurs avec le monde rural.
Ce clivage alimente les tensions électorales, les choix budgétaires, les priorités climatiques, et même les rapports au progrès technologique.
Dans les urnes, le poids électoral des aînés freine souvent des projets pensés par et pour la jeunesse urbaine.
Les politiques publiques doivent repenser les équilibres générationnels, sans quoi le fossé continuera d’affaiblir la cohésion nationale à long terme.

Le séisme de la jeunesse africaine : l’énergie face à l’exclusion

En Afrique, la jeunesse représente la majorité démographique, mais reste largement absente des sphères décisionnelles et des lieux de pouvoir.
L’âge médian est inférieur à 20 ans dans de nombreux pays, tandis que les dirigeants politiques dépassent souvent la soixantaine.
Le contraste est saisissant : des rues pleines de jeunes, des parlements et gouvernements peuplés d’hommes mûrs ou âgés.
Le Nigeria a vu éclore des mouvements comme #EndSARS, cri collectif contre l’exclusion et l’absence de représentation institutionnelle réelle.


L’accès à l’éducation progresse mais sans débouchés professionnels, créant une génération instruite frustrée, sans avenir lisible ni débouchés économiques.
Cette tension produit un paradoxe puissant : énergie abondante, mais canaux d’expression verrouillés, verrouillés par les élites anciennes.
Le Rwanda tente une correction en intégrant des quotas jeunes et des aides ciblées pour l’entrepreneuriat technologique ou agricole.
Mais globalement, la gouvernance reste figée, ancrée dans des visions d’un autre temps, incapables de parler aux jeunes générations.


Les inégalités générationnelles nourrissent l’exode, la radicalisation, ou l’indifférence politique, menaçant l’équilibre social à moyen terme.
Tant que les jeunes resteront écartés, l’Afrique continuera à tourner avec le moteur allumé… mais sans embrayer la transformation attendue.

Que ce soit au nord ou au sud, les fractures générationnelles s’aggravent, souvent nourries par la géographie, toujours par l’inaction politique.
Les jeunes doivent devenir acteurs dans les espaces ruraux comme dans les institutions ; sinon, la rupture générationnelle deviendra irréversible.

CAMUS BOMISSO

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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