Président pour cinq ans de plus ? Ouattara seul en scène

3 semaines

Face à une opposition neutralisée, Alassane Ouattara semble se diriger sans embûche vers un nouveau mandat. Les autres poids lourds sont écartés.

Le scrutin du 26 octobre ressemble de plus en plus à une formalité bien verrouillée.

Alassane Ouattara, président sortant, se trace allègrement la voie vers un nouveau mandat de cinq ans. Ses principaux adversaires politiques semblent hors-jeu, neutralisés par une mécanique institutionnelle huilée et implacable.

Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam apparaissent KO debout. La machine mise en place par le président-candidat leur laisse peu de marge de manœuvre, pourtant cruciale en pareilles circonstances. Toutes les issues semblent finement verrouillées avec les clous de la loi.

Les manifestations contre les décisions du Conseil constitutionnel, en dehors de la campagne électorale, sont interdites ou suspendues. En face, les partis les plus puissants dénoncent, mais peinent à activer pleinement les recours juridictionnels existants. Ils préfèrent des actions de terrain, qui, elles aussi, se heurtent aux forces de l’ordre, fidèles à leur nom.

Tidjane Thiam est en exil. Laurent Gbagbo, contraint au silence, subit encore le poids de sa responsabilité dans la crise post-électorale récente. L’un de ses anciens porte-voix, éphémère ministre, se déclare désormais artisan de paix. En exil également, l’ex-allié devenu opposant, Guillaume Soro, semble muselé.

C’est donc le calme plat. Avant la tempête ? Sait-on jamais. Le grain de sable…

La communauté internationale, autrefois très impliquée dans les affaires ivoiriennes, semble aujourd’hui désorientée.

La France peine à se doter d’un gouvernement et d’un budget. La Russie mène sa guerre, pousse quelques pions en Afrique de l’Ouest et rêve d’étendre son influence en Côte d’Ivoire. L’ONU est exsangue, affaiblie par les coups de boutoir d’un Donald Trump redevenu président des États-Unis. Quant à la Chine, elle poursuit sa diplomatie du réalisme : discrète, mais présente sur le terrain.

Dans ce contexte, les autres candidats à la présidentielle semblent trop heureux de participer à cette forme de légitimation électorale. Leurs relations conflictuelles avec les grands évincés y jouent pour beaucoup.

Jean-Louis Billon rend la monnaie à Tidjane Thiam, qui l’aurait exclu du PDCI-RDA. Simone Gbagbo règle ses comptes conjugaux et politiques avec son ex-époux, qui a divorcé pour une plus jeune. Don Mello, brillant ingénieur longtemps incompris, jubile d’avoir eu raison de se proposer en plan B.

À part quelques violences isolées et un mort dont les circonstances restent floues, la campagne se déroule dans un calme relatif.

À ce rythme, le 26 octobre, on pourrait bien se réveiller dans le plus grand des silences… avec Alassane Ouattara président pour cinq nouvelles années.

Tama César

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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