Le colonel Randrianirina- Le général Guéï: un parallèle troublant

4 semaines

À la veille de son investiture, le colonel Randrianirina tente de rassurer. Entre institutions, jeunesse et légalité, l’histoire bégaye dangereusement.

General Robert Guei 

Le 14 octobre 2025, le colonel Michael Randrianirina prend le pouvoir à Madagascar dans un climat de confusion institutionnelle persistante.
Beaucoup le surnomment déjà « président », bien qu’il insiste sur un transfert légitime du pouvoir, et non une prise forcée.
« On m’a transféré le pouvoir », affirme-t-il. Une rhétorique qui rappelle d’autres militaires devenus présidents par surprise ou par force.

Au Capsat, son quartier général, il continue de recevoir doléances et soutiens d’une population inquiète, mais souvent résignée.
Ce 16 octobre, il s’exprime devant la presse pour clarifier sa position sur la Haute Cour Constitutionnelle (HCC).
Il déclare désormais reconnaître pleinement l’autorité de la HCC, malgré son annonce initiale de dissolution des institutions.

« Une personne qui respecte la loi respecte les décisions de la HCC », déclare-t-il, changeant radicalement de discours.
Il revient également sur sa volonté de dissoudre le Sénat et la Haute Cour de Justice, affirmant « respecter la légalité ».
À l’image du général Robert Guéï en Côte d’Ivoire, arrivé en 1999 pour une transition et resté malgré ses promesses.

Le parallèle est troublant : même refus de reconnaître les institutions, même promesse d’élections rapides, mêmes reculs ambigus.


Le général Guéï, après avoir promis de ne pas se présenter, s’était accroché au pouvoir jusqu’à l’insurrection populaire de 2000.
Madagascar pourrait-elle répéter ce scénario ivoirien, où un militaire devient président en prétendant simplement combler un vide politique ?

Autre point de friction : la durée de la transition. Le colonel évoque une période de 18 à 24 mois.
La HCC, elle, exige une élection présidentielle dans un délai maximum de 60 jours. Le désaccord est frontal et structurant.
Randrianirina se défend : « Avons-nous une commission électorale acceptée par tous ? Une liste électorale crédible ? Non. »
Il affirme que le pays n’est pas prêt pour des élections, accusant les institutions de bloquer une transition inclusive.

Autre déclaration forte : l’ouverture à la jeunesse. Il annonce vouloir intégrer la Gen Z dans le futur gouvernement de transition.
« Je les ai écoutés plusieurs fois », explique-t-il, reconnaissant la nécessité d’inclure les jeunes dans les décisions politiques nationales.

Mais derrière ce discours apaisant, les incertitudes demeurent. Quelle place réelle pour les institutions et le jeu démocratique ?
Demain, 17 octobre, le colonel Randrianirina prêtera serment devant la Haute Cour constitutionnelle, malgré l’ambiguïté de sa légitimité.
Ce serment suffira-t-il à rassurer une population marquée par les précédentes crises politiques et les transitions inachevées ?

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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