Treize militants du PDCI ont été inculpés pour complot contre l’État après une tentative de marche interdite. En toile de fond : une élection verrouillée, des candidatures majeures rejetées.
Et un climat politique qui se crispe.
En Côte d’Ivoire, le pouvoir serre la vis alors que l’élection présidentielle, prévue pour le 25 octobre, approche à grands pas.
On a inculpé treize membres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), formation que dirige par Tidjane Thiam.
On les accuse d’avoir organisé une marche interdite. Mais aussi de préparer des actions qualifiées de subversives par les autorités judiciaires.
Leur avocat, Sosthène Touré et le député du PDCI ont confirmé l’info.
On a déféré les militants devant la cellule d’enquête spécialisée dans la lutte antiterroriste. Une procédure qui interroge sur sa proportionnalité.
Un des détenus n’appartiendrait même pas au PDCI, ce qui soulève des questions sur la rigueur et l’impartialité des interpellations policières.
On a interdit la marche initialement prévue le 4 octobre par le PDCI et le PPA-CI (parti de Laurent Gbagbo) pour “trouble à l’ordre public”.
Reportée au 11 octobre, elle s’inscrivait dans une volonté d’exiger justice, démocratie, et l’inclusion de leurs leaders dans le processus électoral.
Le Conseil constitutionnel a, pour sa part, rejeté les candidatures de Thiam et Gbagbo.
Invoquant des motifs juridiques déjà contestés par leurs camps.
On accuse Tidjane Thiam d’avoir une double nationalité. Tandis que Laurent Gbagbo souffre d’une condamnation pénale. Toujours très contestée.
Le gouvernement a depuis interdit toute manifestation jugée hostile aux décisions du Conseil constitutionnel. Resserrant l’étau autour de l’opposition.
Ce verrouillage politique intervient alors qu’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, brigue un quatrième mandat.
On invoque la Constitution de 2016 pour justifier ce mandat supplémentaire. Mais l’opposition y voit un passage en force aux relents autoritaires.
Pour Jean-Chrysostome Blessy, cette vague d’arrestations vise clairement à “embastiller” les militants afin d’étouffer toute forme de contestation.
Les autorités, elles, affirment que ces interpellations sont apolitiques. Et liées uniquement au respect de la loi et de l’ordre public républicain.
Pendant ce temps, quatre figures d’opposition, qualifiées pour l’élection, peinent à incarner une réelle alternative face à un système verrouillé.
Jean-Louis Billon, Simone Gbagbo, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou restent en lice. Mais peinent à fédérer les mécontentements populaires.
Dans ce climat tendu, la rue pourrait redevenir le seul espace où une opposition muselée trouve encore un semblant de liberté d’expression.
Quand les urnes ferment leurs portes aux voix dissidentes, la rue devient tribun, et la répression, faiblesse démocratique.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
