Cameroon President Paul Biya attends the Paris Peace Forum, France, November 12, 2019. REUTERS/Charles Platiau - RC2P9D9JD4S5

Paul Biya: « ma détermination à vous servir est intacte »

4 mois

Dans un climat de lassitude sociale et de vacillement autoritaire, deux anciens ministres se lancent à l’assaut d’un pouvoir verrouillé.

La présidentielle camerounaise d’octobre 2025 s’annonce sous haute tension, entre apparente ouverture politique et verrouillage stratégique implacable.

Paul Biya, âgé de 92 ans, règne depuis 1982, défiant la biologie comme la démocratie avec une constance remarquable.

Deux figures du nord, Bakary Issa Tchiroma et Maïgari Bello Bouba, viennent de rompre avec le pouvoir, en apparence.

Ils annoncent leur candidature dans un contexte d’attente populaire, mais leur sincérité politique est largement remise en question.

Ces hommes avaient déjà défié Paul Biya en 1992, avant de rejoindre son camp et d’endosser le manteau ministériel.

Aujourd’hui, ils prétendent s’émanciper du régime, mais certains analystes y voient une opération de division contrôlée de l’opposition.

Les populations du Nord, marginalisées économiquement, voient dans ce retour tardif un opportunisme politique plutôt qu’un projet structurant.

Le professeur Séverin Tchokonte dénonce une misère entretenue. Sans eau, sans routes, sans justice, ni redistribution équitable des ressources.

Les électeurs camerounais, souvent abstentionnistes, pourraient se mobiliser si la colère sociale rejoint une offre politique crédible et nouvelle.

En 2018, seuls 3,5 millions d’électeurs sur 6,6 millions ont voté.

Désillusion, peur, et rejet du simulacre électoral.

Le RDPC reste le parti dominant, mais l’usure du pouvoir rend l’électorat plus instable, notamment dans les zones historiquement fidèles.

La stratégie du régime consiste à fragmenter toute opposition structurée, particulièrement celle du MRC de Maurice Kamto, en forte progression.

Les candidatures venues du Nord pourraient diluer l’influence de Kamto dans ces régions, évitant un second tour potentiellement dangereux.

Pour l’heure, Biya reste officiellement candidat, tout en jouant sur le doute, entre disparition physique et manœuvre tactique prolongée.

Ses messages récents évoquent toujours « la paix », « l’unité » et le « rejet des sirènes du chaos irresponsables ».

La jeunesse camerounaise, très active en ligne, réclame un changement profond, au-delà des simples jeux d’étiquettes ou repositionnements d’apparat.

L’après-Biya ne se construira pas sur les ruines d’un simulacre démocratique, mais sur une rupture réelle, institutionnelle, générationnelle.

Le Grand Nord cherche à fédérer les énergies nouvelles, mais sans trahir une volonté populaire qui dépasse les calculs partisans.

Si l’alternance est confisquée une fois encore, le Cameroun pourrait entrer dans une ère post-Biya sans sortie du Biyaïsme.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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