« Mener la vie de Lougah » : Cela fait référence à une personne connue pour son train de vie flamboyant. Le nom Lougah renvoie à Lougah François, un célèbre chanteur ivoirien des années 70-80, connu non seulement pour sa musique, mais aussi pour son style de vie très libre et dépensier.
Il vivait dans l’aisance, profitait pleinement des plaisirs de la vie sans trop se soucier des contraintes matérielles.
Il n’avait pas peur de dépenser de l’argent, parfois de manière excessive.
François Lougah, de son vrai nom Dago Lougah, est né à Lakota, au cœur du pays Bété.
Fils du chef Dago Gnaoua, il grandit dans la tradition, avant de briller dans l’art populaire ivoirien.
Ses études le mènent à Bondoukou, puis à Treichville, et enfin à Paris, où il se forme.
Maçon de métier, il décroche son CAP avec mention, mais c’est l’art qui deviendra sa vraie vocation.
Il découvre le théâtre, étudie à l’École Mona Sangor, et suit des cours de piano et solfège.
À Paris, il rencontre des figures marquantes comme Désiré Écaré, Léonard Groguhet ou encore Danielle Boni Claverie.
D’abord comédien, il joue dans des productions françaises, mais la musique va conquérir son âme pour toujours.
Avec le « Trio Midiloms », puis Los Cocoblicos, il affine un style musical fait d’élégance et de profondeur.
En solo, il remporte des prix prestigieux et devient l’un des pionniers de la musique ivoirienne moderne.
Sa voix grave, ses textes engagés, son charisme naturel l’imposent comme un monument de la scène ivoirienne.
Le peuple l’adopte, le baptise « Papa National », incarnation du père bienveillant, drôle, sage et profondément enraciné.
Il chante la paix, l’amour, l’identité africaine, et donne au monde des chansons devenues cultes et intemporelles.
« Pécoussa », « Toigny », « Yoco you mon » ou encore « Moustique il est là » traversent les époques et touchent les cœurs.
Même quand le Zouglou s’impose, Lougah reste une référence, un repère, une mémoire vivante de la musique ivoirienne.
Le 22 décembre 1997, la Côte d’Ivoire perd un géant, un conteur, un artiste total et un sage.
Son mausolée à Lakota attire encore les fidèles, ceux qui l’ont aimé, écouté, applaudi et profondément respecté.
Léon Francis Lebry, son ami et admirateur, lui consacre un livre précieux pour graver sa mémoire dans l’histoire.
À 83 ans aujourd’hui, Lougah vit encore dans nos radios, nos souvenirs, nos fêtes et dans nos âmes.
Merci Papa National, pour ta voix, ton humour, ton héritage. Tu restes notre étoile, au firmament de l’Afrique.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
