17 juin: Nady Bamba, « ça suffit, ça suffit! »

3 semaines

Nous commémorons ce 17 juin : l’atterrissage d’un homme, le décollage d’une mémoire fracturé

Il n’a rien hérité. Il s’est fait tout seul. Laurent Gbagbo, populaire parce que combattu, revient le 17 juin 2021. Quatre ans plus tard, son retour reste un jalon fondateur de l’histoire politique ivoirienne contemporaine. Mais les ombres du rejet, du cafouillage aéroportuaire et du silence officiel planent encore

Le 17 juin 2021, Laurent Gbagbo revenait à Abidjan, accueilli par des cris d’espoir et des silences calculés.
L’aéroport d’Abidjan devient ce jour-là théâtre d’un mélange étrange : ferveur populaire, tension politique, absence de reconnaissance institutionnelle officielle.
Personne du gouvernement n’est là. Ni ministre, ni Ouattara lui-même. Le message est clair : l’État ne valide rien.
Pendant ce temps, dehors, le peuple hurle sa fidélité. L’absence d’images claires rend la scène encore plus confuse et tendue.
Simone Gbagbo, son ex-femme, est volontairement ignorée. Cela lui vaut jusqu’à présent la haine de certains ex partisans; Certains chefs traditionnels, comme Nangui Djorogo, dénoncent un sabotage délibéré et humiliant.
Gbagbo sort de l’avion, monte dans une voiture sombre, saluant à peine ceux qui l’ont attendu pendant dix ans.

Dans la cohue, Nady Bamba, sa compagne, hurle à deux reprises : « Ça suffit ! » face à la confusion ambiante.

Le cortège prend la route du siège du FPI. Une sono défaillante n’empêche pas Gbagbo d’affirmer ses convictions intactes.
« Je me considère vainqueur en 2010 », déclare-t-il, refusant la culpabilité des événements sanglants qui ont suivi l’élection contestée.
Il rappelle : « Je reviens acquitté, respectez cette décision ». Une phrase simple, mais lourde de sens et de mémoire blessée.
Deux jours plus tard, il assiste à une messe. Le cardinal Kutwa catholique et non evangelique annonce : « Le fils est de retour chez lui. »
Quatre ans après, cette date reste ambivalente : moment d’espoir pour certains, rappel d’une fracture non cicatrisée pour d’autres.

Laurent Gbagbo dans son avion de retour Bruxelles Abidjan.

Mais personne ne conteste une chose : ce 17 juin a redéfini la scène politique ivoirienne d’une manière irréversible.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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