D’Abidjan, il faut passer par Yamoussoukro, Bouaflé, Daloa, Duékoué, Man, Biankouma et Touba. A cette étape de voyage, l’on est dans la Région du Bafing dans l’espace démographique du peuple Kla qui est limitrophe de la Guinée. A 17 km de Touba, l’on bifurque à gauche, c’est l’un des possibles autres itinéraires.
Direction Kpoho 1. Mais avant, Ouaninou et Ganwé, le village de Chérif Ousmane, célèbre et intrépide chef de guerre, technocrate militaire. Il n’y a jamais de hasard. Alors, sur sa terre natale, a été implanté, sur ordre et instruction d’un autre chef de guerre dont le nom fait autorité, un édifice ocre datant du siècle précédent. C’est la mosquée de l’Almamy Samory Touré (vers 1830- 1900) islamiste de renom, dont les empreintes sont visibles. Elle est intacte, protégée. Une autre mosquée a, depuis, vu le jour à côté de qui est, elle, plus usitée.
Celle de Samory sert le glouton regard du touriste. Le voyage se poursuit: Ferentella, le village du ministre Mamadou Sanogo, de Bamba Cheick Daniel à l’indiscutable expertise tant en foncier qu’en Tae kwondo, de Nady Bamba, épouse en noces annexes de Laurent Gbagbo, de l’artiste Bamba Ami Sarah. Toutes ces personnalités, soeurs des Kla, cohabitent en parfaite intelligence. Les Kla, eux, ont investi une vingtaine de villages aujourd’hui. Dans un passé récent, ils ont habité, au préalable, 7 villages. Kpoho (composé de trois entités Kpoho1, 2 et 3), Saboudougou, Santa, Sefessou, Zabanagoro, Kossagui et Gbagbadougou l’un des tous premiers. Zodoufouma, transfuge de Sefessou, s’est rajouté, puis d’autres pour porter le nombre à une vingtaineà ce jour.
Mais l’histoire de ce peuplement humain fait de « Gars durs » (c’est la traduction de Kla) remonte à plus loin. Et les ‘‘Durs’’ ont de bonnes raisons de ne point avoir peur. Comment ne pas s’affranchir des appréhensions quand le point de départ est une montagne ? Protecteur, Kposohoun, est le plus hautsommet de la région Santa. Architecture de terre et végétation farouche était l’ancien site des Kla. Tôt le matin, le soleil rouge-orangé se taille une place dans le brouillard, au-dessus de Kposohoun où l’on retourne assurer, dans le plus grand secret, des rituels et prendre certaines décisions.
Les grandes qui nécessitent la caution des ancêtres. La montagne a servi dans le passé à voir l’ennemi arriver. Mais ce peuple qui vivait de chasse peinait à ramener le gibier là-haut. Viennent s’ajouter les eaux de ruissellement,les éboulements et la menace des boeufs en pâturage, le peuple a dû chercher un autre site au moment des indépendances. Les Bamba ont créé des villages. Résultat : de nombreux Kla s’appellent Bamba, certainsDiomandé, très peu portent d’autres noms.
Il n’est pas rare de voir un Bamba être le fils de Monsieur Bamba qui a lui-même épousé une Bamba. Oui, on se marie entre Bamba ; autant dire entre cousins. Les Kla vivent d’agriculture, cultivent l’anacarde, le riz, le manioc, l’igname, la patate, le maïs. Ça, c’est pour l’ordinaire. A côté, le sacré occupe une : adoration, masques, danse thérapeutique, musique de désenvoutement. Ce n’est pas tout : circoncision et excision que l’application effective de la loi a, depuis une douzaine d’années, annihilées. On ne plaisante pas avec la tradition. Chez les Kla, existent des musulmans, des chrétiens, et donc évidemment des mosquées et des églises. Mais le respect scrupuleux de certains rites traditionnels reste de mise.
Partis à Abidjan, dans les villes ivoiriennes à la recherche de mieux-être, ce peuple démographiquement modeste est conscient de son étiolement comme le sont certainement les Gban, les Yowrê ou les Toura. Ils refusent de mourir.
Pouvoirs-Magazine
