Il a soixante-trois ans et marche sans vacarme, sans foule, mais avec une idée précise du chemin à emprunter.
Ce 15 juin, un député discret entreprend une traversée symbolique pour alerter la nation sur deux urgences essentielles à traiter.
Depuis plus de dix ans, cet élu du Sud-Comoé s’invite dans l’arène présidentielle avec une constance presque silencieuse.
Ni star médiatique, ni tribun exalté, Gnangbo Kacou avance avec la lenteur volontaire de ceux qui veulent bâtir durablement.
Ce samedi 15 juin, il entame une marche de 418 kilomètres, non contre un homme, mais pour la République ivoirienne.
Le lieu de départ reste secret, précaution imposée par les temps et les doutes sécuritaires que suscite toute initiative indépendante.
Son objectif n’est pas de briser les murs du pouvoir, mais de secouer une indifférence politique devenue presque institutionnelle.
Ce n’est pas la première fois qu’il se présente, mais cette fois, il souhaite inscrire son geste dans l’histoire.
En 2015, déjà candidat, il dénonçait l’inertie nationale face au chômage des jeunes, devenu depuis une plaie structurelle persistante.
En 2020, même message, même posture : un appel au réveil, porté sans partis ni promesses floues, mais avec constance.
Aujourd’hui encore, il revient, mû par une inquiétude grandissante : la perte de crédibilité des institutions républicaines essentielles à la démocratie.
À ses yeux, la parole politique s’est vidée de sens, et la jeunesse se détourne d’un avenir devenu trop opaque.
Fiscaliste de formation, il se méfie des slogans faciles, préférant le dialogue patient aux invectives stériles et aux calculs partisans.
Son projet n’est pas porté par la force, mais par la foi en un autre rapport entre gouvernants et citoyens.
Il ne se proclame ni messie ni victime, mais catalyseur d’un débat national sur ce que signifie vraiment « servir l’État ».
Pour lui, l’urgence est double : restaurer le respect des règles et créer des emplois dignes pour une jeunesse désabusée.
Cette marche est une métaphore vivante, un acte de résistance douce, une manière de réhabiliter l’écoute dans l’espace républicain.
Elle s’achèvera sur la Place de la République, au Plateau, lieu symbolique où les questions graves cherchent des réponses sincères.
Gnangbo ne veut pas convaincre par les promesses, mais par la persévérance, en incarnant une politique sans masque et sans bruit.
Il ne vient pas pour vaincre, mais pour rappeler que la République appartient à ceux qui marchent, pas seulement à ceux qui parlent.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE