Paradoxe ivoirien: la jeunesse conteste sans voter, les vieux votent sans contester

2 semaines

Une jeunesse démographiquement majoritaire mais électoralement silencieuse : le paradoxe ivoirien persiste

La Côte d’Ivoire compte près de 29 millions d’habitants dont plus de 60 % ont moins de trente ans aujourd’hui.
Sur le papier, la jeunesse incarne la majorité écrasante. Dans les faits, elle reste absente des dynamiques électorales décisives.
Les jeunes de 18 à 25 ans s’inscrivent peu : désintérêt, défiance et complexité administrative freinent toute dynamique de mobilisation.
L’obtention de documents électoraux est perçue comme lourde, inutile hors scrutin, voire inadaptée aux réalités quotidiennes des jeunes.
À Abidjan, lors des élections locales de 2023, la participation n’a pas dépassé 30 % dans plusieurs communes populaires.
Le langage politique dominant ne parle plus à cette jeunesse : trop codé, trop ancien, souvent centré sur des figures dépassées.
Ni les slogans de paix, ni les récits historiques ne suffisent à éveiller des électeurs préoccupés d’emploi et de justice sociale.
Résultat : une majorité démographique désengagée, passive électoralement, qui pourrait pourtant inverser la tendance avec une offre politique crédible.

Un électorat plus âgé, fidèle, enraciné et politiquement déterminant

À l’inverse, les citoyens de 40 ans et plus, souvent ruraux ou semi-urbains, participent activement au jeu démocratique national.
Ils constituent le noyau dur du RHDP et du PDCI, avec un vote structuré par fidélités, régions et logiques clientélistes.
Ils sont sensibles aux discours de stabilité, de paix retrouvée, de continuité étatique, là où les jeunes veulent des ruptures.
Cette génération vote avec assiduité, même sans enthousiasme, convaincue que l’abstention n’offre jamais d’alternative concrète au système existant.
Le vote âgé structure donc les rapports de force, quand la jeunesse conteste… mais le plus souvent sans passer par l’urne.
Cette dissymétrie crée un déséquilibre : les décisions politiques reflètent des priorités d’une minorité électorale vieillissante et institutionnellement surreprésentée.
Pourtant, cette jeunesse silencieuse pourrait devenir centrale, si elle trouvait une voix et une figure à sa mesure.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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