Évêques de Côte d’Ivoire : L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action concrète pour réussir Octobre 2025

2 mois

À la faveur de la 127e Assemblée plénière ordinaire de la Conférence des Évêques catholiques de Côte d’Ivoire, en présence du représentant du Saint-Siège, l’Église a posé des mots forts sur des blessures profondes : blessures communautaires, haine tribale, divisions politiques.

Monseigneur Marcellin Kouadio, dans un élan de vérité, a appelé ses pairs à refuser l’opacité et à rendre compte. Un signal fort. Mais ce n’est qu’un début.

Il ne suffit plus de dénoncer. Il faut agir.

Face à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, les évêques sont appelés à sortir du confort des homélies pour investir pleinement le terrain du dialogue national. L’appel à une élection inclusive est louable. Mais qu’en est-il des actes concrets pour rapprocher les cœurs et les camps ? Où sont les cadres de concertation entre le pouvoir, l’opposition, la CEI, la société civile et les forces spirituelles ?

Il faut renouer avec la tradition de médiation de l’Église

Autrefois, Monseigneur Bernard Yago se faisait recevoir discrètement Félix Houphouët-Boigny pour encourager la paix. Ce dernier soutenait l’Eglise mais ne la rendait pas aphone par des dons. Ce sont ces gestes discrets, mais puissants, qui manquent aujourd’hui. Pourquoi pas des têtes-à-têtes avec les leaders politiques actuels ? Pourquoi pas une commission informelle de sages religieux au-dessus de la mêlée ?

L’Église doit redevenir un pont, pas une tribune.

À quoi bon exhorter à l’unité si l’on ne crée pas les espaces pour la construire ? On ne répare pas une nation fracturée uniquement par des communiqués. On la répare par des rencontres, de la diplomatie spirituelle, de la patience et du courage moral.

Le poids du silence et des faveurs

Il se murmure que chaque mois de janvier, une enveloppe de 100 millions de francs CFA est allouée à l’Église par la présidence. Sans compter les véhicules offerts lors de l’installation des évêques, ou encore les soins médicaux pris en charge. Ce soutien matériel, aussi noble soit-il, ne doit pas devenir un piège silencieux. Il ne doit pas anesthésier la voix prophétique de l’Église.

Il faut avoir la grâce de la gratitude, sans perdre la liberté de dire la vérité.

Le respect du pouvoir ne doit pas empêcher la vérité face au pouvoir. Trop de silences blessent davantage que les cris. Et parfois, la diplomatie doit être préférée à la dénonciation, non pas pour éviter la confrontation, mais pour ouvrir un canal de solution.

S’inspirer du Vatican, incarner la paix

Lorsque le tout nouveau Pape à peine investi  envoie son secrétaire rencontrer Trump, Poutine et Zelensky, ce n’est pas pour paraître sage, mais pour tenter l’impossible : faire dialoguer l’inconciliable.  Et si l’Église de Côte d’Ivoire faisait de même ? Pourquoi ne pas initier un sommet spirituel pour la paix électorale ?

Il faut rassembler avant qu’il ne soit trop tard. Il faut anticiper avant que les blessures ne s’ouvrent à nouveau. Il faut construire avant que les discours ne deviennent des regrets. Octobre 2025, c’est maintenant

Aux évêques de Côte d’Ivoire : soyez les artisans de la paix. Pas demain. Aujourd’hui.

ALEX KIPRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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