Valérie Yapo perdue: le prix d’une obsession

1 mois

Par un entêtement devenu obsessionnel, puis par la solitude, Valérie Yapo s’est elle-même disqualifiée, tout en perdant contact avec la réalité.

Aujourd’hui, elle semble se parler à elle-même, le regard fixé sur l’objet de son cauchemar : Tidjane Thiam. L’homme semble avoir totalement accaparé le champ de sa conscience.

En refusant toutes les médiations, en défiant son propre parti et en s’engageant dans un bras de fer judiciaire aussi hasardeux que politiquement suicidaire, elle a joué… et perdu. Elle a perdu le PDCI. Et pour le PDCI-RDA, elle est perdue. Pour longtemps, assurément. Après trente ans de fidélité, elle en ressort isolée, politiquement « morte », pour certains. Mais est-ce uniquement une défaite personnelle ? Ou le symptôme d’un malaise plus profond dans la gestion du pouvoir au sein des partis politiques ? L’avenir nous le dira.

Pour l’heure, l’énigme Valérie reste entière, puisqu’elle poursuit sa croisade. Obstinément !

À présent, elle a attaché son kéhiwa pour en découdre avec Thiam 2.

Le paradoxe Yapo, c’est qu’on lui a proposé de revenir, de reprendre sa place au sein du parti. Le PDCI a tenté de la réintégrer par la voie du dialogue. Mais elle a refusé, jugeant illégitime l’autorité de Tidjane Thiam, et illégitimes aussi les voix des anciens du parti, qui auront tout tenté pour contenir, puis refroidir, la lave en éruption en elle qui menaçait de la consumer.

Les juges eux-mêmes ont tenté de la sauver, en lui tendant une perche : « Retirez votre plainte, renoncez à l’affrontement. » Non ! a-t-elle dit. Elle a tenu tête à tous. Elle a même tenu des propos très sévères envers les « vieux » du parti, comme si elle voulait incarner, à elle seule, la justice, la morale et la légitimité.

Le refus de revenir, même quand la porte était ouverte

La justice a tranché. Non pas forcément contre ses idées, mais contre sa méthode, qui frise l’obsession. Cette propension à l’acharnement contre un homme devenu, pour elle, une idée fixe qui la hante.

Désormais, le tribunal lui a signifié que le PDCI devait la réintégrer dans ses droits — mais sans pour autant valider son leadership. Alors, sous l’autorité et aux côtés de qui serait-elle réintégrée ? De Thiam, qu’elle récuse ? Des anciens, qu’elle méprise ? Des militants dont elle proclame les votes successifs illégitimes et illégaux ?

Comment va-t-elle défendre ses idées dans un PDCI qui aurait pu se désintégrer si la mise sous tutelle — qu’elle a réclamée à corps et à cris — avait eu lieu ? En contestant tout, elle a fini par se contester elle-même.

Leçon politique

Peut-être ses intentions étaient-elles sincères. Mais elle a sous-estimé les règles implicites du pouvoir en Afrique : ce n’est pas la vérité seule qui gouverne. C’est plutôt la capacité à composer, à négocier, à faire alliance. Elle a agi comme si le droit suffisait. Or, la politique est d’abord une géométrie humaine, pas une abstraction juridique.

Un avertissement pour tous les “extrémistes” du droit.

ALEX KIPRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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