Elle aurait pu se contenter de chanter. Elle a préféré construire. Brique après brique. Voix après voix.
Madéka Kouadio-Timmerman.
Nom à rallonge, parcours dense. Elle avance sans bruit, mais laisse des empreintes profondes.
Enfant d’Abidjan, formée sur les marchés, trempée dans la musique maternelle. L’apprentissage commence dans les cris du quotidien.
Son père, blanchisseur. Sa mère, chanteuse traditionnelle. Elle vend de l’attiéké avant de savoir écrire son nom.
Le micro l’attire. Elle insiste. Elle échoue une fois. Revient. Devient choriste. Puis soliste. Puis inoubliable.
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Le titre « Tam-Tam d’Afrique » explose. Fusion de baoulé, funk et rêve. La Côte d’Ivoire écoute. La diaspora danse.
Mais une chanson ne suffit pas à bâtir une vie. Elle le sait. Se cherche ailleurs.
Part à Paris. Études. Conservatoire. Studios. Elle veut comprendre l’image comme elle comprend le son. Par la racine.
Une salle de bain devient un studio. Une idée devient une boîte. Cinekita naît. Le son devient métier.
Elle s’entoure. Forme. Emploie. Produit. Des voix venues de partout. Des films, des séries, des mondes entiers passent entre ses mains.
Puteaux devient sa base.
Elle y installe son quartier général. Son époux l’y rejoint. Un duo au travail comme à la vie.
Koffi, l’ex-pompier, devient pilier. Compagnon de route. Co-pilote de l’impossible. Cinekita devient plus qu’une entreprise. Une ruche de talents.
500 freelances. Une trentaine de salariés. L’audiovisuel francophone s’invite dans leurs couloirs. Le doublage devient un art. Une arme douce.
En 2012, elle revient au pays. Ouvre une antenne aux Deux-Plateaux. Forme. Encadre. Inspire. Croît en la voix africaine.
Elle le dit souvent : « Raconter le monde autrement, c’est lui donner une autre chance. »
Et la musique ? Elle ne l’a jamais quittée. En 2023, elle revient. Produit Bailly Spinto. Reprend Kéké Kassiry.
« Abidjan », version Madéka. Écho d’un amour ancien. Ode à une ville vibrante. Sortie pendant la CAN 2024. Grand écart réussi.
On la décore. Elle sourit. Continue. Elle transmet. Ne court pas après la lumière. Elle la canalise.
Deux fils. Des petits-enfants. Une entreprise. Une histoire. Elle regarde l’avenir comme un jardin encore fertile.
Ce qu’elle incarne ? Une vision. Une voix. Et surtout, une cohérence.
Madéka K.T. Elle ne chante pas seulement. Elle fait entendre.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE