Réinventer la résilience opérationnelle face à la complexité croissante des risques
Les crises récentes montrent que les plans rigides ne suffisent plus à contenir des risques aux formes multiples.
Les organisations doivent construire une résilience vivante, fondée sur l’anticipation, la coordination et l’adaptabilité en situation dégradée.
Le modèle des trois lignes de défense montre ses limites : il exige aujourd’hui une approche repensée et mieux intégrée.
La résilience ne doit pas être perçue comme un ensemble de procédures, mais comme une capacité évolutive et partagée.
Chaque entreprise a des dépendances, priorités et contraintes propres selon son secteur, sa taille ou ses exigences clients.
La résilience doit s’adapter aux réalités métier, aux zones d’intervention et aux exigences des régulateurs de chaque pays.
Un bon plan doit anticiper les interruptions non techniques : géopolitiques, climatiques, réglementaires ou liés aux tiers critiques.
La cartographie des dépendances métiers reste indispensable pour identifier les failles systémiques invisibles dans les organigrammes traditionnels.
Réconcilier le niveau stratégique du groupe avec les urgences opérationnelles locales
Les différences entre groupes et unités locales sont naturelles, mais doivent être traduites en gouvernance claire et réactive.
Une ligne directrice commune doit exister, tout en laissant aux entités locales une marge d’adaptation immédiate aux risques.
La confiance est essentielle : sans elle, les signaux faibles ne remontent pas, les incidents s’aggravent ou échappent aux radars.
Les exercices de crise doivent inclure toutes les fonctions, pas seulement les experts ou les cellules dites de continuité.
Construire un modèle multicouche : entre humains, systèmes et gouvernance
La technologie est vitale, mais elle ne remplace ni l’humain, ni l’organisation, ni l’adaptabilité des décisions rapides.
Un bon plan de résilience prévoit des options manuelles, en cas d’indisponibilité des outils numériques stratégiques essentiels.
Les agents doivent savoir quoi faire sans CRM ni intranet : c’est le test ultime d’un plan solide.
Investir dans la formation, la préparation mentale et l’autonomie opérationnelle est aussi important que sécuriser les infrastructures critiques.
Les crises futures seront complexes, simultanées, étalées dans le temps : aucun plan figé ne pourra y résister seul.
Un bon dispositif de résilience repose sur la lucidité, l’humilité, l’action collective et la capacité d’apprendre vite.
Il ne suffit pas d’avoir un plan ; il faut qu’il soit testé, compris, accepté, ajusté et vivant.
La vraie réussite : ne pas dire “nous avons testé la crise”, mais “nous avons traversé la crise ensemble
CAMUS BOMISSO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE