En Côte d’Ivoire, l’absence de réaction du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à l’Assemblée Nationale, face aux événements concernant le PPA-CI, soulève des interrogations.
Des interrogations majeures sur son implication dans les luttes politiques et la solidarité inter-partis. Si le PDCI avait choisi de quitter l’hémicycle, à l’instar du PPA-CI, il aurait non seulement exprimé un soutien fort à un partenaire en difficulté.
Mais aurait aussi affirmé son rôle dans la défense des valeurs démocratiques et de la justice. Une telle posture aurait permis au PDCI de se réaffirmer comme un véritable parti de lutte, porteur d’une vision politique radicale et solidaire.
Pourtant, en choisissant de rester silencieux, il semble avoir opté pour une stratégie d’attentisme. Voire de complaisance, qui pourrait se révéler contre-productive à long terme.
En effet, l’acte de solidarité politique est un principe fondamental qui transcende les intérêts personnels ou partisans.
Comme l’affirmait l’écrivain et intellectuel Frantz Fanon : « La solidarité est une arme de la liberté ».
Si le PDCI avait pris position en faveur du PPA-CI, en soutenant par exemple la candidature de Laurent Gbagbo, cela aurait renforcé son image d’acteur engagé. Déterminé à défendre les principes de justice et d’égalité.
En d’autres termes, ce soutien aurait permis au PDCI de se réinventer en tant que parti d’opposition crédible et cohérent, prêt à défendre les droits et les libertés, non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses alliés.
Cependant, le silence du PDCI sur cette question critique, loin de renforcer sa position, risque de le marginaliser davantage dans le paysage politique ivoirien. Ce n’est pas simplement un choix tactique, mais une véritable question de principe.
Si le PDCI se refuse à soutenir le PPA-CI dans un moment où la solidarité est indispensable, il prend le risque de perdre sa crédibilité auprès de ses militants et des Ivoiriens.
Ce manque de soutien pourrait être interprété comme une volonté de rester dans la sphère du pouvoir.
Sous l’influence du régime en place, sans véritable volonté de participer à une opposition active et constructive.
De plus, l’absence de Laurent Gbagbo sur la liste des candidats à l’élection à venir pourrait effectivement alimenter des accusations de manipulation politique de la part du pouvoir exécutif. Si tel est le cas, les militants du PPA-CI, tout comme une grande partie de l’opinion publique, pourraient y voir un complot visant à affaiblir l’opposition.
Le PDCI, en choisissant de ne pas prendre position, pourrait alors se retrouver sur la défensive, accusé de complicité avec le pouvoir en place. Comme l’évoque l’analyse de la situation par des observateurs avertis.
L’enjeu est d’autant plus important que la situation actuelle pourrait rappeler à certains les risques auxquels le PDCI pourrait faire face dans un avenir proche. En effet, comme le dit l’adage : « Qui ne veut pas de solidarité aujourd’hui pourrait en manquer demain ». La situation de Gbagbo et du PPA-CI pourrait bien un jour se répéter pour le PDCI, qui pourrait se retrouver dans une position similaire de vulnérabilité politique.
Ce phénomène n’est pas anodin. En politique, les alliances d’hier façonnent les relations de demain. En refusant de soutenir le PPA-CI aujourd’hui, le PDCI court le risque de se retrouver isolé demain, sans alliés sur lesquels compter lorsque les conditions de l’opposition se durciront.
Enfin, cette absence de solidarité inter-partis pourrait entraîner une fragmentation de l’opposition. Affaiblissant ainsi l’ensemble des forces politiques critiques face au pouvoir en place. Le PDCI, en n’entrant pas dans le jeu de la solidarité, laisse une place vacante que d’autres, plus radicaux ou plus stratégiques, pourraient investir à son détriment.
Or, « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ».
C’est Victor Hugo, écrivain mais aussi sénateur et député qui le disait. Plus proche de nous Amilcar Cabral guinéen-Capverdien a dit: »La lutte est la condition de l’existence, et ceux qui ne luttent pas sont voués à la soumission. Achille Mbembe : « L’opposition est un choix stratégique, non une posture d’attente ».
Il est donc crucial que le PDCI prenne pleinement conscience de l’importance de cette solidarité, non seulement pour la préservation de son image, mais aussi pour la construction d’une opposition unie, forte et capable de peser véritablement sur le cours des événements.
En conclusion, il semble évident que le PDCI aurait beaucoup à gagner en adoptant une position plus résolue en faveur de la solidarité politique. En soutenant le PPA-CI et en revendiquant clairement sa place dans la lutte pour la justice et la liberté, il aurait l’occasion de se réinventer en tant que véritable acteur de changement.
La politique, comme l’histoire nous l’enseigne, est une question de solidarité et de loyauté envers les principes fondamentaux de la démocratie. Si le PDCI ne prend pas cette voie aujourd’hui, il se pourrait bien que demain, ce soient ses propres alliés qui lui tournent le dos.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE