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La rhétorique sur la nationalité est devenue à chaque cycle électoral, une arme de distraction massive.

Utilisée pour non seulement écarter des adversaires redoutables plutôt que de les affronter à la loyale dans les urnes. Mais aussi détourner l’attention du peuple des véritables enjeux. Cette pratique qui s’inscrit dans une logique de préservation du pouvoir à tout prix, souligne l’incapacité chronique des gouvernants. Lesquels se sont succédé à la tête de ce pays depuis la disparition du père-fondateur. A transcender les querelles identitaires pour engager un débat constructif axé sur les véritables défis auxquels est confrontée la nation.

Comme il fallait s’y attendre, le débat sur la nationalité a refait surface. Hier, c’est l’actuel chef de l’Etat, Premier ministre de 1990 à 1993 qui était victime de la chasse aux sorcières pour nationalité douteuse. Sous le feu des critiques, juste au moment crucial où il aspirait à briguer la magistrature suprême. Aujourd’hui, c’est Tidiane Thiam, le président du Pdci-rda qui se trouve dans l’œil du cyclone. Il pourrait subir un sort similaire pour cause de double nationalité.

Ironie du sort.

Ironie du sort, les pourfendeurs de l’ex-ministre du Plan de Henri Konan Bédié sont les victimes d’hier ! C’est à y perdre son ivoirité.

Reformes structurelles

Pourquoi, après un peu plus de trois décennies, ce débat stérile qui a fait tant de mal à la Côte d’Ivoire,  est au goût du jour en 2025 ? Pourquoi les gouvernements successifs, tout en manipulant ces tensions, n’ont-ils jamais osé instaurer des réformes structurelles. Comme la création d’un ministère de l’Immigration. Pour rationaliser et apaiser le contentieux récurrent sur la nationalité ivoirienne ?

La réponse à cette interrogation réside dans deux facteurs. Une panne sèche d’imagination à faire rêver les Ivoiriens et la facilité avec laquelle cette question qui fâche. Et divise peut-être instrumentalisée comme un fonds de commerce électoraliste. Pour détourner l’attention des électeurs des échecs politiques, éducatifs, et socio-économiques des régimes en place.

Enjeux vitaux

Ce manège politique éclipse sciemment les enjeux vitaux qui affectent le quotidien de nos compatriotes.

Le pouvoir d’achat : Les Ivoiriens ne sont-ils pas financièrement étranglés par les prix des produits de consommation ? Vivent-ils mieux qu’auparavant ?

L’Éducation : Nos enfants sont-ils préparés à compétir sur le marché du travail tant local qu’international ?

L’Emploi : L’accès aux emplois publics et privés est-il réellement et toujours fondé sur le mérite et la compétence ?

La Santé : Pourquoi, en dépit des affirmations de progrès du plateau technique local, les hauts dignitaires bénéficient-ils d’évacuation sanitaire à l’étranger au moindre malaise ?

La Justice : La Justice est-elle vraiment impartiale et équitable ou est-elle instrumentalisée au profit des puissants ?

L’Économie : La Côte d’Ivoire a-t-elle véritablement fait un bond vers sa souveraineté économique. En mettant en avant la préférence nationale ? Les capitaines ivoiriens d’industrie, combien de divisions ?

Recentrer le débat

A neuf mois de la présidentielle, il urge de recentrer le débat politique sur ces questions de fond qui engagent l’avenir de la nation. Le peuple-employeur devrait se montrer vigilant. Et exiger des candidats à la présidence qu’ils proposent des programmes concrets répondant à ces enjeux. Plutôt que de se laisser entrainer dans des débats sur l’identité. Qui, bien qu’importants, ne doivent pas occulter les nécessités immédiates de développement et de progrès social.

Avoir de la mémoire, c’est savoir tirer les leçons du passé pour construire ensemble une société. Au sein de laquelle, justice, opportunité et progrès sont accessibles à tous.

photo: dr

sce: l’étau.net

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