Le 18 février 1992, il y a 33 ans, la Côte d’Ivoire vivait des heures tumultueuses qui ont marqué l’histoire du pays
Ce jour-là, le Front populaire ivoirien (FPI), dirigé par Laurent Gbagbo, a organisé une grande marche à Abidjan, capitale économique du pays, pour revendiquer la démocratie et la fin de l’autoritarisme du pouvoir en place. Ce mouvement, qui a vu des milliers de partisans de Gbagbo descendre dans la rue, a été une réponse directe aux dérives du régime de Félix Houphouët-Boigny. De même que de son Premier ministre Alassane Ouattara.
L’origine de cette mobilisation remonte à un incident qui a eu lieu quelques semaines auparavant à la cité universitaire de Yopougon. Les forces de l’ordre, que dirigeait le général Robert Guei, avaient brutalement réprimé des étudiants.
Le FPI, en tant que principal parti d’opposition à l’époque, avait dénoncé cette violence et exigé des enquêtes. Pour faire toute la lumière sur cet abus de pouvoir. Cependant, malgré les protestations du FPI et de la société civile, aucune sanction n’est venue du président Houphouët-Boigny.
Contre le général Guei et ses hommes, ce qui a exacerbé le mécontentement du FPI.
Le 18 février 1992, le FPI, sous la direction de Laurent Gbagbo, a donc décidé de manifester pour dénoncer l’impunité du régime et exiger une véritable démocratie en Côte d’Ivoire. Cette marche de protestation s’est déroulée dans la commune du Plateau, au cœur d’Abidjan.
Et a rassemblé des milliers de militants, des intellectuels, des syndicats, mais aussi de simples citoyens excédés par l’autoritarisme du pouvoir. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont arrêté Laurent Gbagbo et son épouse Simone Gbagbo, figure emblématique du mouvement. Alors qu’ils faisaient partie des manifestants.
Après leur arrestation, on a conduit Laurent et Simone Gbagbo à la caserne de gendarmerie d’Agban. On les y a incarcérés, avant de les transférer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA).
Cette arrestation a provoqué un choc au sein de la classe politique ivoirienne, mais aussi à l’échelle nationale. Elle a surtout jeté une lumière crue sur les dérives autoritaires du régime de Houphouët-Boigny et a renforcé la popularité de Laurent Gbagbo au sein de la jeunesse ivoirienne et de l’opposition.
Suite à cet événement, le camp du FPI a immédiatement réagi avec une vive protestation. Des manifestations et des sit-in ont été organisés à travers le pays. Exigeant la libération des Gbagbo et la fin de la répression politique.
Les militants du FPI ont dénoncé ce qu’ils considéraient comme une tentative de museler l’opposition.
Et d’étouffer la voix de ceux qui réclamaient un changement démocratique. Pour le FPI et ses partisans, cette journée du 18 février 1992 a marqué un tournant dans l’histoire de leur mouvement. Elle a aussi symbolisé la lutte pour la liberté, la justice et la démocratie en Côte d’Ivoire.
Cet événement a jeté les bases d’une opposition de plus en plus forte au régime en place et a renforcé la détermination de Laurent Gbagbo. Il voulait lutter contre ce qu’il considérait comme une dictature. Les années qui ont suivi ont été marquées par un intensification des tensions politiques en Côte d’Ivoire. Culminant avec l’accession de Laurent Gbagbo à la présidence en 2000. Après des années de lutte politique et sociale.
Aujourd’hui, 33 ans après cette marche historique du 18 février 1992, il est important de se rappeler ces moments décisifs du paysage politique ivoirien actuel. L’histoire de cette journée continue de nourrir les débats sur la démocratie, la justice et les droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Et reste un rappel des luttes passées pour obtenir les libertés et la justice sociale que l’on mérite. Ouattara mettait Gbagbo Laurent en prison. Pour la première fois.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE