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Il est indéniable que Manadja confirmé mérite des félicitations pour son audace, sa résilience et son attitude de « je-m’en-foutisme »

Tout ce qui semble lui permettre de naviguer dans des domaines aussi variés que la gestion, la musique et même la mode. Avec une capacité impressionnante à se réinventer constamment, il passe de manager à chanteur. Sans avoir de véritable formation dans ce domaine ni de bases solides sur lesquelles s’appuyer. Il parvient même à organiser un concert en live, sans doute grâce à son charisme et à son audace. Mais sans véritable maîtrise du métier.

En plus de cela, il a réussi à TOUCHER au mannequinat. Ce qui témoigne encore une fois de sa capacité à se fondre dans plusieurs sphères. C’est une forme de réussite qui force, certes, un certain respect. Avec d’autres amusants personnages comme BB sans os », « Le Sultan » ou d’autres du même genre, une chose est de plus en plus évidente. La qualité de ce qu’il propose reste en deçà des attentes d’un public autrefois exigeant.

En réalité, cette baisse des standards est assez frappante. Et il devient légitime de se demander si les Ivoiriens n’ont pas quelque peu abaissé leurs critères. En matière de musique et de culture en général.

Lorsque l’on observe le contexte sociopolitique du pays, on se rend vite compte que les enfants mélomanes sont nés dans la guerre, la pauvreté et la précarité. Dans un tel environnement, il est peut-être plus facile de tolérer et d’accepter des formes de divertissement discutables. Lesquelles, dans d’autres circonstances, seraient considérées comme des plaisanteries ou des bouffonneries. Cela ne fait que refléter un état d’esprit collectif où la drôlerie et l’humour. Même quand ils sont excessifs ou déplacés, sont devenus un refuge.

Une manière de faire face à la dureté de la vie.

Pourtant, à un moment donné, cette acceptation généralisée commence à poser question. Surtout lorsque des animateurs et des figures publiques, censés être des prescripteurs de culture, semblent approuver cette dérive en l’acceptant sans filtre.

Malheureusement, des personnes comme Willy Dumbo, des acteurs influents dans le monde de la culture ivoirienne sont complices. Ils s’autorisent à affirmer que Manadja confirmé est un « chanteur ». Une telle déclaration, bien qu’elle puisse sembler bénigne pour certains, est en réalité une profonde méprise. Certes, Manadja a la capacité de remplir des salles comme le Palais de la culture. Et il est vrai que cela constitue une forme de succès. Mais remplir une salle ne fait pas de quelqu’un un artiste accompli ou un véritable chanteur.

Aujourd’hui, il semble qu’il soit possible pour n’importe qui, même sans aucune connaissance en musique ou en technique vocale, de se revendiquer chanteur. Et d’obtenir une forme de reconnaissance. Cette évolution témoigne malheureusement de la baisse du niveau de compétence que le public est prêt à accepter. Une tendance qui, si elle n’est pas remise en question, pourrait entraîner une perte de qualité dans l’industrie musicale en général.

Mais Willy Dumbo n’est pas un mélomane.

Il est prescripteur, c’est à dire entre le public et les artistes et doit être plus exigeant et aider le public dans son élévation d’exigence et d’excellence.

Il est à se demander si ceux qui soutiennent ce genre de productions musicales, sans chercher à comprendre ni à évaluer la véritable valeur artistique qui s’y cache, seraient aussi enclins à accepter une telle baisse de qualité dans d’autres domaines. Par exemple, si ces mêmes personnes se retrouvaient à être soignées par des cuisiniers ou des vétérinaires, au lieu de véritables médecins, dans des situations où la compétence est essentielle, seraient-elles toujours aussi favorables à cette dérive ?

Il est certain qu’ils commenceraient à percevoir les dangers d’une telle approche et à comprendre que la compétence et l’expertise sont des critères indispensables dans tous les domaines. En fin de compte, soutenir des « artistes » qui n’ont pas les compétences requises pour leur domaine revient à tolérer un système où l’illusion de la réussite prend le pas sur la véritable qualité et la valeur du travail accompli.

HARON LESLIE

photo:dr

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