Si Tidjane Thiam est resté silencieux pendant longtemps, certains pourraient y voir une absence d’engagement.
Cependant, il est essentiel de comprendre les rouages du fonctionnement du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Bien plus au sein d’institutions comme Prudential ou le Crédit Suisse, où Thiam a évolué, c’est le PDCI qui repose sur une discipline. Une discipline interne stricte et une hiérarchie fortement respectée. Notamment sous l’ère du président Henri Konan Bédié.
Au sein du PDCI, la prise de parole n’est pas une liberté qu’on exerce à la légère. Bien qu’il n’existe pas de disposition écrite interdisant à ses membres de s’exprimer publiquement, il est mal vu de le faire sans l’aval des instances dirigeantes. Ce respect tacite des règles est une marque de discipline et de loyauté envers le parti.
Les exemples de sanctions ou de reproches qu’on adresse à ceux qui ont outrepassé cette règle implicite sont nombreux.
Charles Konan Banny, Jean-Louis Billon, et même Kouadio Konan Bertin (KKB) en ont fait les frais. En prenant la parole de manière jugée inappropriée devant Bédié.
Ces actes on les interprète comme un manque de respect à l’autorité du président du parti.
Plus récemment, on a qualifié Jean-Louis Billon d’impoli pour ses propos qu’on jugeait trop directs. Son cas est même soumis au Conseil de discipline, preuve que la prise de parole au PDCI est un exercice délicat.
Pour comprendre cette dynamique, il suffit de regarder comment s’exprimaient les figures du secrétariat général. Maurice Kakou Guikahué ou, avant lui, Alphonse Djédjé Mady. Leurs déclarations étaient toujours alignées sur les orientations que le président et les organes du parti définissent. Cette approche garantit l’unité et évite les désaccords publics qui pourraient fragiliser le PDCI.
Ainsi, le silence de Tidjane Thiam pendant deux décennies n’est pas un manque d’implication. Mais un respect scrupuleux des règles implicites du parti. Son attitude illustre une compréhension profonde de la discipline. Et des valeurs qui ont permis au PDCI de rester une force politique majeure.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE