La dette publique américaine : enjeux et perspectives sous l’administration Trump

7 mois

La dette publique mondiale continue d’augmenter de manière préoccupante. Selon le Fonds monétaire international, elle devrait dépasser les 100 000 milliards de dollars en 2024. Avec les États-Unis représentant un tiers de ce montant colossal. Camus Bomisso décortique

En décembre 2023, la dette brute des États-Unis a atteint 34 400 milliards de dollars. Un chiffre qui a encore augmenté pour atteindre 36 100 milliards de dollars en décembre 2024. Ce niveau élevé de la dette américaine soulève des inquiétudes parmi les experts économiques. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, estiment que cette dette est « insoutenable à long terme ».

Cependant, il est important de noter que la question de la dette publique, bien que préoccupante, n’est ni intrinsèquement bonne ni mauvaise. Comme l’a souligné le président John F. Kennedy, l’emprunt peut à la fois mener à l’effondrement ou permettre à un pays de se développer. L’objectif de cet article est donc d’explorer la répartition de la dette américaine. En analysant les acteurs qui la détiennent et en envisageant son évolution sous l’administration de Donald Trump.

1. Données clés sur la dette publique américaine

La dette publique des États-Unis se constitue des déficits budgétaires du gouvernement fédéral. Lorsque les dépenses du gouvernement excèdent les recettes fiscales, un déficit apparaît. Et pour le financer, le Trésor émet des titres de dette tels que des bons, des billets et des obligations. La dette nationale est donc un cumul des déficits passés, ajusté des excédents éventuels. En 2023, sur un total de 34 400 milliards de dollars de dette brute, 27 300 milliards de dollars (soit 79 %) étaient dus à des investisseurs nationaux et étrangers, tandis que 7 000 milliards de dollars (21 %) étaient dus à des transactions intra-gouvernementales.

2. Qui détient la dette publique américaine ?

La détention de la dette américaine est répartie entre plusieurs acteurs, tant nationaux qu’internationaux, avec un rôle prépondérant joué par la Réserve fédérale. Voici un aperçu de la composition de cette dette, classée selon les détenteurs :

  • Système de Réserve fédérale : 5 240 milliards de dollars (15 % de la dette nationale)
  • Fonds communs de placement : 3 700 milliards de dollars (11 %)
  • Institutions de dépôt : 1 600 milliards de dollars (5 %)
  • Gouvernements d’État et locaux : 1 700 milliards de dollars (5 %)
  • Fonds de pension : 1 000 milliards de dollars (3 %)
  • Compagnies d’assurance : 500 milliards de dollars (1 %)
  • Obligations d’épargne américaines : 5 700 milliards de dollars (17 %)
  • Japon : 1 100 milliards de dollars (3 % de la dette étrangère)
  • Chine : 800 milliards de dollars (2 %)
  • Royaume-Uni : 700 milliards de dollars (2 %)
  • Autres pays étrangers : 5 300 milliards de dollars (15 %)
  • Dette intra-gouvernementale : 7 000 milliards de dollars (20 % de la dette nationale)

En 2023, la dette publique des États-Unis représentait environ 97 % du PIB américain, un ratio élevé qui marque la dépendance des États-Unis à l’emprunt pour financer leur budget et leurs programmes. La dette publique américaine a donc un impact majeur sur la stabilité économique et financière du pays, et elle influence la gestion des crises économiques.

3. La trajectoire de la dette sous l’administration Trump

Sous l’administration de Donald Trump, la gestion de la dette publique pourrait évoluer, en fonction des choix politiques et économiques. Trump, qui a déjà incarné un leadership marqué par une politique fiscale favorable aux entreprises et à la réduction des impôts, a annoncé son intention de réduire le « gaspillage » gouvernemental. À cet égard, le milliardaire Elon Musk et l’homme politique Vivek Ramaswamy ont été nommés à la tête du nouveau Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE).

Ce département aurait pour objectif de réduire les dépenses inutiles et de trouver des économies substantielles, avec l’ambition de diminuer de 2 000 milliards de dollars les coûts gouvernementaux. Un tel changement pourrait avoir un impact direct sur la trajectoire de la dette, en limitant l’augmentation des dépenses publiques et en freinant les déficits.

Cependant, il est important de noter que même avec des économies potentielles, la réduction de la dette ne sera pas simple. La structure de la dette publique, fortement marquée par les créances internes, et les besoins croissants des dépenses militaires et sociales, compliquent la gestion de cette dette. De plus, les pressions externes sur les marchés financiers, ainsi que la demande pour des titres de dette américains, influenceront l’évolution de cette situation. L’administration Trump devra jongler entre des choix économiques qui privilégient la croissance tout en prenant en compte les risques associés à une dette publique croissante.

Conclusion

La dette publique des États-Unis est un défi majeur pour l’économie mondiale, avec des implications profondes pour les générations futures. Bien que la gouvernance sous l’administration Trump cherche à limiter l’augmentation de la dette par une réduction des dépenses inutiles, les politiques économiques et fiscales mises en place auront un impact direct sur la trajectoire de cette dette.

La gestion de la dette américaine, en particulier la manière dont elle est financée et répartie entre les acteurs nationaux et étrangers, sera une question clé pour la stabilité économique des États-Unis dans les années à venir. La dette, loin d’être une question uniquement technique, soulève aussi des enjeux géopolitiques, avec des pays comme le Japon et la Chine ayant une part significative de cette dette.

CAMUS BOMISSO

photo:dr

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