
Jacob Desvarieux : une âme caribéenne, un héros du zouk, une légende éternelle
Aujourd’hui, nous commémorons l’anniversaire de Jacob Desvarieux, né le 21 novembre 1955, cet immense musicien qui aurait eu 69 ans. Si le destin cruel ne l’avait emporté par la Covid 19, en 2021, Jacob aurait poursuivi sa quête de musicalité. Comme une étoile immortelle dans le ciel des Antilles.
Il fut l’âme créatrice et la guitare rythmique de Kassav’, un groupe antillais pionnier, inventeur d’un genre musical tout à fait unique : le zouk. Mais son héritage ne se limite pas à une simple musique, il incarne un mélange d’identité, de culture et de révolte joyeuse.
De Paris à la Guadeloupe, en passant par la Martinique et le Sénégal, le jeune Jacob grandit en entretenant un lien intime avec la musique. Dès l’âge de dix ans, une guitare est son cadeau, son arme secrète.
C’est à travers les cordes qu’il puise son énergie et ses influences, nourries par la passion des Rolling Stones, de Jimi Hendrix et de Led Zeppelin. Mais c’est dans les vibrations profondes de son âme créole qu’il forge sa propre voix.
Quand il débarque à Paris avec son rêve d’acier, il rencontre ceux qui, comme lui, sont à la recherche de cette alchimie musicale. Avec Pierre-Edouard, Georges Décimus et Freddy Marshall, ils décident de réinventer la musique antillaise.
De la porter à l’international, tout en restant profondément ancrés dans leurs racines. Ainsi naît Kassav’, en 1979, du cœur vibrant de la Caraïbe. L’idée était simple et révolutionnaire. Fusionner le gwo ka, la biguine, et les influences du rock et du funk pour créer une musique qui transcende les frontières. Le résultat fut une explosion sonore.
Un souffle d’air frais que personne n’avait vu venir.
Kassav’ devient rapidement un phénomène, le zouk résonne dans les stades et conquiert les foules en Afrique, en Europe, et au-delà. Le groupe n’est pas seulement un groupe musical. Il est un mouvement, un cri d’émancipation des peuples de la Caraïbe, une célébration de l’identité antillaise. « Zouk la sé sèl medikaman nou ni », leur hymne universel, devient la bande-son d’une génération, un médicament contre la souffrance, une invitation à danser et à vivre pleinement.
Jacob Desvarieux, avec son sourire contagieux, sa guitare en main, incarne l’optimisme, l’espoir et la joie. Il n’est pas qu’un musicien. Il est un ambassadeur de la culture créole, un pont entre les mondes, un messager de paix par le son. Kassav’, souvent disque d’or, accumule les distinctions, mais la récompense la plus précieuse reste la reconnaissance de son peuple.
Jacob, toujours curieux, ne s’enferme jamais dans le rôle d’un simple musicien. Il participe à des collaborations internationales avec des géants de la musique tels qu’Angélique Kidjo, Alpha Blondy et Manu Dibango. Enrichissant son répertoire de couleurs musicales diverses. Parallèlement, il enregistre sous son propre nom et nous gratifie d’albums pleins de saveurs créoles et de réinterprétations audacieuses. Dans « Euphrasine’s Blues », il rend hommage à ses influences majeures, dont Jimi Hendrix. Tout en continuant à défendre la langue créole avec ferveur et amour.
Aujourd’hui, à travers son absence, Jacob Desvarieux demeure vivant dans chaque note de musique. Chaque vibration de guitare, chaque danse sur le zouk. Il est le symbole éternel d’une culture, d’un peuple. Et d’un art qui continue de vivre, bien au-delà de la mort. Que sa mémoire soit le phare éclairant les générations futures, le guide de l’espoir créole, l’âme du zouk.
HARON LESLIE
photod: dr
POUVOIRS MAGAZINE