Musique : Ootaran en pleine exploration

2 ans

Ootaran est une formation de folk, tonique et rafraichissante, formée de 5 jeunes ivoiriens qui séduit la scène underground abidjanaise depuis l’an dernier par son univers à part entière et ses lunaires compositions artisanales. Preuve qu’a mille lieues du Coupé-décalé, de jeunes Ivoiriens peuvent très bien réussir des expériences de musique internationale.

On les découvrait en octobre dernier au BAO Café. Au beau milieu de la nuit, sur la scène de ce pub branché ce jour-là, cinq jeunes gens tiennent en haleine les clients qui n’ont pas l’air distraits. Une petite attention auditive et on remarque le style musical qui nous offre une garantie d’écoute agréable. Mieux, le rythme est bluffant : du folk, du blues, un peu de rock. Avec la déferlante coupé décalé et zouglou, on s’était quasiment résolu à croire que les jeunes ivoiriens n’étaient bons que pour ces rythmes-là!

Quelle étonnante surprise donc cette soirée-là de découvrir Ootaran : C’est le nom de ce boys band. Musicalement, le quintet démontre de la virtuosité dans le jeu des intru : clavier, basse, tam-tam, guitare électrique et guitare sèche; et des compositions originales folk, blues, jazz à l’innocente beauté. Qu’ils baladent l’auditoire à travers ces genres, l’instrumentalisation de Ootaran est homogène. Ni monotone (loin de là), encore moins bricolée.

Tout de leurs compositions laisse apprécier des sons artisanaux bien produits. Sur des chansons folks- dans la pure tradition du genre- la guitare acoustique (sèche) d’Anthony Koreki (le leader du groupe) est étonnamment claquante et froide. Sa voix, elle, est tout à fait mélancolique qui colle à merveille à la musique dans son ensemble. L’inspiration des Bob Dylan , Passenger – comme il nous le confiera plus tard – est claire et nette.

Du Jazz en passant par le Country : Ootaran en envoie également du lourd. La maitrise du jeu de guitare du jeune Koreki ne manque pas de suggerer un certain Jimi Hendrix. « I got the feeling » est un de ces titres dynamiques du groupe qui a clos leur performance entrainante sur un message d’espoir :  » Aujourd’hui ne ressemblera pas à demain ».

Ont-ils conscience qu’effectivement, leurs lendemains peuvent être enchanteurs ? Parce que, oui, dans cette prestation de haut vol au BAO Café, si Ootaran a donné vie à des extraits d’un potentiel album, le groupe a également régalé son public en interprétant « Stay with me » de Sam Smith d’une reprise « afro-soul » qui a dynamité les esprits. C’est bien là l’originalité du style Ootaran sur la scène de l’indie. Que ce soit en cover ou en interprétation de leurs propres compositions, la réappropriation des codes du genre en y ajoutant des relents d’authentiicité africaine dans les intrus fait leur fort.

Champs anciens d’expérimentation
Cette intelligence dans la création de ces sons met en lumière l’épatante culture musicale des membres du groupe et surtout du leader, Anthony Koreki.

Le jeune homme de 24 ans confie être remonté aux origines de ces musiques noires- celles qui ont été conçu dans les plantations de coton au temps de l’esclavage- pour y puiser des influences. « Ensuite, continue l’assistant Chef de pub à Océan Ogilvy , on est remonté dans les courants et les nouveaux genres de ces musiques jusqu’a leurs formes aujourd’hui contemporaines pour nourrir notre art.  » Un éclectisme, une tendance touche-à-tout qu fait que Ootaran explore aussi le rock, le métal…Résultat de recherche d’images pour « ootaran »

Affranchi par la folk indie et monté sur l’exemple des jeunes groupes anglophones qu’on est habitué à suivre, Ootaran est le prototype d’une jeunesse ivoirienne branchée, à l’ère d’Internet, dans un monde globalisé, avec une ingéniosité très large. Mais surtout l’exemple que les jeunes abidjanais pratiquent et ont l’oreille à autre chose que le coupé-décalé.

Une alternative interessante qui, on l’espère, sortira de l’ombre avec un prochain album d’Ootaran pour consacrer définitivement cet incroyable talent de la Côte d’Ivoire. C’est sûr que dans un autre système plus développé, ces garçons seraient des coqueluches du mainstream.

Pouvoirs Magazine

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