De nationalité béninoise, Angélique Kidjo, est une Ambassadrice de bonne volonté pour l’Unicef. Au moment où les jeunes filles et jeunes femmes ont sérieusement besoin de modèles féminins en Afrique, cette « moustique » (allusion faite à son menu physique pendant l’enfance), qui s’est décomplexée pour devenir une « lionne » de la musique, est l’incarnation parfaite du leadership féminin. Et elle l’assume : « On a besoin que le leadership change en Afrique ».
Angélique Kidjo, pour piqûre de rappel, naît le 14 juillet 1960 à Ouidah, petite ville portuaire (tout-aussi capitale du vaudou) de la République du Bénin qui, jusqu’en 1975, se nommait le Dahomey. Issue de l’ethnie Pedah, Angélique est baptisée à sa naissance Angélique Kpasseloko Hinto Hounsinou Kango Manta Zogbin (le sang d’une lanterne ne peut allumer une flamèche). Sa mère, Yvonne, est chorégraphe et directrice de théâtre renommée, ainsi qu’une femme d’affaire avertie.
Quant à son père Franck, quand il ne travaille pas comme fonctionnaire des postes, il pratique activement la photo et à l’occasion, joue du banjo. Elevée au milieu de ses huit frères et sœurs, Angélique est très tôt au contact d’une multitude de cultures, de langues, de traditions. Sa langue maternelle est le fon, mais elle en comprend et en parle bien d’autres que l’on retrouvera à travers ses disques.
Elle rencontre alors le chanteur et producteur camerounais, Ekambi Brillant, qui lui fait faire son premier disque « Pretty », également co-produit par son frère, Oscar Kidjo. Nous sommes en 1980 et Angélique a 20 ans. L’album est enregistré à Paris où la jeune femme vient pour la première fois. Mais, c’est en Afrique que le succès du disque est énorme. Avec deux titres, « Pretty » qui devient un temps le surnom d’Angélique, et « Ninivé », Angélique Kidjo devient une star dans l’ouest africain et remplit les salles au cours de ses tournées du Togo à la Côte d’Ivoire.
A lire aussi: PORTRAIT: IRENE VIEIRA, UNE JURISTE DE POIGNE
Trois années, plus tard, elle rencontre Jasper van’t Hof, pianiste hollandais et leader du groupe allemand, Pili Pili. Entre jazz, funk et musique africaine, Angélique Kidjo trouve sa place au sein du groupe. Elle en devient la voix à partir de 1984. Ensemble, ils tournent dans toute l’Europe et petit à petit, Angélique Kidjo se fait un nom, en particulier en Allemagne.
Mais 1989 marque, à moult égards, le réel début d’une carrière solo à laquelle Angélique aspire depuis longtemps. Cette année-là, sort l’album considéré comme le tout premier entièrement conçu par la chanteuse « Parakou ». Parakou est une ville du centre du Bénin, un carrefour commercial et culturel, symbole donc de la multitude d’influences présentes dans cet album. Makossa, zouk, soul, reggae et surtout jazz, Angélique Kidjo effectue un travail de synthèse musicale qui ouvre un très large horizon pour l’auditeur. Le pianiste Jasper van’t Hof est invité sur un titre intimiste, « Blewu ».
Vedette internationale, Angélique Kidjo s’envole en 1992 au Japon, en Australie et aux Etats-Unis en septembre. A cette occasion, elle participe à l’émission de jazz que présente Branford Marsalis, le « Tonight Show ». Cette année-là, elle est également nommée trois fois aux New Music Awards américains (meilleur nouvel album, meilleur album de world music et meilleur artiste solo). Enfin, elle est récompensée aux Octaves de RFI à Montréal, prix décerné à un chanteur et à une chanteuse francophones.
Beaucoup plus dance, l’album « Aye » (« La vie » en yoruba) est enregistré entre le Paisley Park Studio de Minneapolis aux Etats-Unis, Londres et Paris. Le disque est produit par Will Mowat (Soul II Soul) et surtout David Z, producteur de Prince. Les dix titres prouvent une nouvelle fois le talent d’écriture de la chanteuse et reprennent les éléments de son succès, soit le mélange de funk et de tradition africaine, plus souvent qualifié d’afro-funk. Le meilleur exemple en est le titre « Agolo », qui évoque les problèmes de l’environnement, et qui devient le plus gros tube d’Angélique Kidjo. Sur tous les continents, on danse sur « Agolo », empreint de juju music, rythme provenant de la culture vaudou du Nigéria et basé sur le principe du « talking-drum » (« le tambour qui parle »). La tradition vaudou est très présente dans le travail d’Angélique Kidjo, elle-même issue d’une région où ce genre de rituels est omniprésent.
Le 25 juillet 2002, comme susmentionné, elle est nommée par l’Unicef, ambassadrice de bonne volonté, et se déplace dans plusieurs pays d’Europe ou d’Afrique pour défendre les droits des enfants à la santé, l’éducation et la protection. D’autant plus qu’elle est engagée, en tant que femme-leader, depuis le début de sa carrière pour l’éducation des jeunes filles. Et, elle argue : « On a besoin que le leadership change en Afrique ». Un leadership, non surfait, et qui s’est écrit en lettres capitales à l’aune d’un pedigree inspiré et inspirant. Sur fond d’un afro-optmisme de bon aloi.
Dans le Top 100
Angélique, en effet, a fait partie de la liste établie par The Guardian des 100 femmes les plus influentes au monde. Forbes magazine la fait figurer comme la première femme dans la liste des 40 célébrités les plus importantes d’Afrique. Le Daily Telegraph la décrit comme la « reine incontestée de la musique africaine ». Paris Match la place en tête de sa liste des 10 femmes les plus influentes d’Afrique et l’inclut dans sa liste des 10 artistes africains les plus engagés.
A juste titre, la star s’érige en chantre de l’Afrique consciente de sa prise de destin en mains, avec à la clé, une égalité des genres pour y parvenir de façon idéale et harmonieuse. « En Afrique, il faut apprendre aux enfants, à l’école, l’égalité des sexes… que ça fasse partie des programmes d’éducation », clame-t-elle.
Auréolée de trois Grammy Awards, elle a chanté aux côtés d’artistes internationaux comme Shakira, Alicia Keys, John Legend, Amadou & Mariam, Ali Farka Touré, Yemi Aladé.
POUVOIRS MAGAZINE